Autant j'ai totalement adoré la version anime (donghua), autant je suis un peu plus réservée sur la version "live action".
Néanmoins, on ne peut nier que "The Untamed" a été un phénomène des années dramatesques 2019-2020.
Tout d'un coup, le grand public occidental s'est rendu-compte que la Chine fournissait des séries de qualité (l'épiphanie s'était produite 1 an plus tôt pour la Corée du Sud avec Squid Game).
Certains d'entre nous, au fait de ces choses depuis quelques années maintenant, rigolent doucement devant cet émerveillement et cet engouement soudain, avec un léger sentiment de supériorité mal placée il faut bien l'avouer, tels des hipsters méprisant les nouveaux venus. J'exagère un peu mais pas tant que ça (pour certains).
Un engouement pour un nouveau médium ou genre pas immérité mais peut être pas dirigé vers le meilleur drama de ces dernières années, en tout cas à mon avis (tout comme pour Squid Game)
The Untamed, adaptation du web novel de type Danmei "Mo Dao Zu Shi" (décliné jusqu'à la moelle), est un bon drama. Ce qui le met à part de certains autres et a pu étonner (par rapport aux productions occidentales récentes), c'est la richesse de son intrigue.
En effet, les personnage sont complexes pour la plupart et l'intrigue pleine de rebondissements mérités et extrêmement bien agencés.
The Untamed, c'est l'histoire de Wei Wuxian (dit Wei Ying ou le Patriarche Yiling - il faut s'y faire, les personnages ont 3 noms, on se croirait dans Tolstoi), un orphelin élevé avec les enfants du grand maître de la secte Yunmeng Jian. La secte Yunmeng fait partie des grandes sectes de la cultivation (Explication rapide : art martiaux, force spirituelle et contrôle de soi bla bla bla - ils volent sur des épées, sautent haut, flottent et se battent à l'épée et avec des instruments de musique grâce à leur force intérieure).
Wei Wuxian est plutôt rebelle et trouve souvent les ennuis, en les cherchant principalement. Lors d'un "échange culturel" avec une autre secte, beaucoup plus stricte (Gusu Lan), il se heurte assez violemment à Lan Wangi (dit Lan Zhan ou Hanguang-jun) dont la conception de la cultivation et de la vie en général diffère drastiquement de la conception de Wei Wuxian.
C'est notre couple principal (littéralement couple dans l'œuvre d'origine mais ici laissé à l'état d'amitié dévorante se développant au cours de 50 épisodes).
Wei Wuxian va suivre la voie de la cultivation démoniaque et se mettre toutes les sectes à dos.
Des intrigues, des trahisons, des drames, des massacres, des larmes, des morts, des combats, de nouveaux mystères, une pincée de réincarnation, un peu d'humour aussi sont les ingrédients bien mélangés de ce scénario.
Néanmoins, le drama a peiné à m'emballer. Certes, je connaissais déjà l'histoire ayant vu le donghua (qui est une véritable merveille de narration et d'animation malgré des personnages trop semblables physiquement par moment) mais ce n'est pas ça qui m'a refroidie. J'adore vraiment cette histoire.
En effet, le drama est trop long et délaye trop certains passages (notamment le premier flashback qui a l'air de ne jamais se terminer). Il y a beaucoup de silences un peu trop longs sur des regards douloureux alors qu'on a bien compris la situation.
Et ce qui a surtout peiné à m'enthousiasmer, ce sont certaines interprétations et notamment celle de Zhū Zàn-Jǐn qui interprète Jin Guang Yao / Meng Yao / LianFang-zun (encore 3 noms). Il en fait des caisses, c'est assez épouvantable.
C'est un des personnages les plus intéressants de l'histoire mais l'acteur pousse tellement le curseur qu'il est évident que c'est lui le pourri. Certes, je connaissais déjà l'histoire mais étant donné qu'ils le font apparaitre beaucoup plus tôt dans le drama et avec les trois noms je n'ai pas reconnu le personnage, j'aurais pu me laisser avoir, mais non, avec ses yeux de cocker et son sourire mielleux, son regard par en dessous permanent et ses fossettes, il tente tellement d'avoir l'air innocent qu'il est forcément coupable!
Les dramas asiatiques ne sont pas particulièrement réputés pour la subtilité de leur jeu d'acteurs (cela a tendance à s'améliorer depuis quelques années cependant) mais là c'est vraiment trop.
D'autant que tous les autres sont impeccables ou presque.
En premier Xiào Zhàn en Wei Wuxian. Il est parfait! A la fois charmant et drôle, dramatique et charismatique, mur et immature, intelligent et doué, maladroit et bouché parfois. Le personnage dans toute sa splendeur et sa complexité. A aucun moment, il n'est à côté de la plaque. Un régal.
Je suis plus mitigée en ce qui concerne Wáng Yī-Bó (ne me frappez pas s'il vous plait!!!). Certes Lan Zhan est un personnage imperturbable mais il a plus l'air d'un légume par moment que d'un homme secret. Il est excellent pour ce qui est de dire le texte de façon coincée et arrive même à y insuffler de la nuance mais les yeux sont morts. Il est aussi très convaincant dans tout ce qui est action.
Chose injuste pour les 2 acteurs principaux et les autres aussi, ce sont les sauts dans le temps. Ils ont tous l'air d'avoir 20 ans, tout le temps et cela fait que la différence d'âge qu'il doit y avoir entre notamment Wei Wuxian et Lan WangJi est imperceptible.
Autre problème, le fait que la drama conserve le même acteur pour faire Wei Wuxian et le corps dans lequel il se réincarne. Le coup du masque ne fonctionne pas vraiment car le personnage est d'autant plus suspicieux.
Je comprends que l'ont veuille garder Xiao Zhan le plus longtemps possible à l'écran. Comme dit plus haut, il est excellent dans le rôle et il est aussi très agréable à regarder mais cela rend le retour incognito plus difficile à avaler.
Du point de vue visuel, le drama est très beau, avec des images très léchées. Les costumes sont travaillés et les perruques de première qualité.
Je n'ai à redire que sur le Clan Wen. Leur symbole est le soleil et ils sont en rouge et noir et leur forteresse ressemble au château de Skeletor!
Je comprends bien que les indices visuels sont importants dans les dramas et que les gammes chromatiques sont très référentielles. Le rouge et le noir, les ombres et l'eyeliner sont les marques des méchants mais la "Sunshot Campaign" perd un peu de son sens quand tout le clan vit dans le noir.
La musique est très efficace, notamment la chanson principale.
Un bon drama, pas totalement exceptionnel à mon goût mais qui a le mérite d'attirer plus de public sur cette partie de la production asiatique.
Le genre Wuxia a besoin de tout le soutien possible à cause de la censure du gouvernement chinois qui pourrait lâcher un peu de lest face à un engouement et une demande internationale.