Les meilleurs films de 2018 selon Dany Selwyn

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J’aimerais vivre dans un film de Kechiche. Sérieux, on s’y éclate. Putain, j’y étais. Je pouvais tout sentir, la moindre odeur, la moindre sueur, la moindre fraîcheur, la moindre humidité, tout ça collait à ma peau comme à la leur. On se laissait porter. Ils parlaient, ils ne faisaient que ça, parler. Et leurs dialogues étaient des plus banals. D’ici un mois, ils ne se souviendraient pas d’un mot de ce qu’il avaient dit, et à peine plus de ce qu’ils avaient fait. Même les projets artistiques d’Amine, je les ai pas pris au sérieux. Mais ça m’empêchait pas d’être suspendue à leurs lèvres. Même idiots, même futiles, même inconstants, ils étaient captivants. L’affection que j’ai ressentie pour eux était légère, c’est une affection de potes de vacances, mais ça m’a fait tellement de bien. Inutile de vous raconter plus de détails, ce ne serait que clichés et mièvrerie, mais...putain, j’ai respiré. 3h, je m’attendais à ce que ça traîne, comme pour la Vie d’Adèle, à ce qu’on finisse par s´impatienter, par vouloir gueuler: «Mais tu vas finir, oui?! Mais tu vas finir?! » Mais non. En fait, j’ai espéré qu’aucune des scènes de ce film ne s´arrête jamais vraiment. Ce n’est qu’un morceau de vie, ça n’a pas de but à proprement parler, si ce n’est celui de filmer les vacances d’un groupe de jeunes dont on magnifie le corps jusqu’à la lie, mais ça nous semble tellement vivant, tellement beau, tellement subjuguant...et ça rend heureux.
Le quotidien, c’est chiant. Sauf s’il apparaît dans un film de Kechiche. La preuve qu’on peut faire rêver avec un plat de pâtes.

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On peut d’abord voir dans ce film l’évolution d’un homme qui découvre un beau jour que le monde a changé et qui se demande comment s’adapter. Isolé dans son appartement, il découvre, s’organise, explore, teste (les zombies), expérimente, invente...en bref, devient peu à peu maître de son environnement, le rebâtit d’une façon quasi artistique.

Mais davantage que l’apprentissage de la survie en millieu hostile, c’est le rapport d’un individu à la foule que le réalisateur développe ici: un héros solitaire, en marge de la société, qui semble voir dans cette invasion mort-vivante la confirmation de ses réserves devant le genre humain. Comme le sauvage du Meilleur des Mondes, il doit choisir entre la folie de la solitude absolue et la démence de la foule.
Ce repli sur soi est cependant altéré par deux figures antagonistes: d’un côté le vieillard zombifié, mais étrangement humain, qui fait figure d’ « ami », mais surtout de défouloir sur laquelle notre héros de plus en plus amer va projeter sa vision des choses, de confident en carton sur lequel il jette toutes ses névroses (comme il jette des bombes de peinture sur les autres mort-vivants de la rue). Il est une figure passive, une représentation de ce que le héros n’aime pas particulièrment (la masse), mais qu’il va peu à peu apprivoiser, voire faire changer. De l’autre côté, une jeune femme, survivante comme lui, qui vient ébranler son univers relativement stable en y apportant une voix dissonnante, et en lui faisant comprendre qu’il existe une alternative au deux premières solutions (un espoir dans le genre humain?) Elle est l’Autre, dans ce qu’il a de dérangeant et de nécessaire. Et cette fois-ci, c’est elle qui change le héros.

La nuit a dévoré le monde est donc, à l’image de son personnage principal, un film expérimental, humain, émouvant psychologiquement très intéressant, qui tente de nouveaux parcours, une nouvelle vision d’un sujet rebattu (l’apocalypse zombie) et y réussit plutôt bien. Et au final, cet homme seul, incompris de la foule, qui tente d’inventer un nouveau mode de vie...ne serait-ce pas une métaphore de la condition artistique?

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D'une drôlerie, d'une richesse et d'une originalité comme on en voit rarement. Une brillante et décapante fable sociologique sur les liens entre les êtres et sur la communication entre les communautés.

Oh, et puis la musique est formidable.

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Like tears in rain...

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Ce qui rend ce film différent, ce n'est pas tant son fond que sa forme: tout est minimal, qu'il s'agisse du lieu (deux pièces d'une salle d'appel des urgences, sur lesquelles la caméra s'attardera à peine) du son (aucune autre musique que celle, morne et discrète, des dernières secondes et du générique de fin), ou des personnages (le seul que l'on verra en personne est le héros, tous les autres n'étant que des voix au bout de la ligne, ou des silhouettes qui passent dans le cadre sans être vues). Ainsi réduit, le film se limite à un seul point de vue, celui d'un mec qui ne peut pas se déplacer, qui ne peut rien voir de ce qui arrive, et dont le seul pouvoir est d'écouter ce qu'on lui raconte et d'y répondre en conséquence. Acteur clé des évènements, il en est en même temps, comme nous, le premier spectateur, reconstituant bout par bout, tâtonnement après tâtonnement, le scénario d'une histoire qu'il est contraint d'imaginer, en toute subjectivité. Et essayant, alors que ce n'est pas son boulot, d'enrayer le mécanisme infernal, au risque de se prendre les pieds dans le tapis. C'est ce qui donne au titre un sens multiple: qui est "The Guilty" dans l'histoire? Qui porte la plus grande faute? A la fois personne et tout le monde. . Et vous savez, les enfants, ce que disait votre camarade tout à l'heure est en partie vrai: ce flic n'est pas le premier de l'histoire du cinéma à penser qu'il peut résoudre, à lui tout seul, un problème qui le dépasse. A jouer au héros, en somme. Mais il est cependant encore assez rare qu'on nous montre à l'écran un policier qui prenne aussi douloureusement conscience qu'il n'est pas un héros, mais un homme faillible qui, s'il se laisse emporter par son désir d'aider, prend le risque de détruire les gens qu'il entendait défendre. La fin n'est pas horrible, non. Au sens strict du terme, on peut même dire que le film se termine bien. Mais le dénouement n'en reste pas moins très amer. "The Guilty" n'est pas un film de sentiments, c'est un film sec, glacial, une radicale démonstration de la faiblesse humaine, malgré toute la bonne volonté de ses protagonistes.

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Début assez prometteur, bien que les enjeux restent relativement flous (cherche-on, comme beaucoup l’ont pensé, à poser un diagnostic sur la condition de la femme moderne au Japon? A dresser un portrait de la difficulté des liens sociaux en général, et amoureux en particulier?)
Senses 1 et 2 semble avant tout servir à poser le cadre et les personnages, ainsi qu’une situation où pointent déjà quelques remous (le divorce de Jun, qui, sans qu’elles se l’avouent vraiment, va conduire ses amies à s´interroger chacune sur leur couple/situation respective) La volonté de nous immerger au maximum dans le quotidien des héroïnes est palpable: on sent dans la mise en scène très austère (caractéristique du cinéma nippon?) une grande mise en valeur des décors, ou plus précisément des objets insignifiants et ordinaires qui les constituent, et une tentative de réalisme dans un rythme très lent, une quasi absence de musique et des dialogues d’une extrême banalité. Bien que l’ensemble sonne juste, le film s’en voit en contrepartie affligé de longueurs préjudiciables, et l’ennui n’est parfois pas loin de poindre. Reste la beauté formelle de la réalisation et des héroïnes d’une épaisseur grandissante. La suite sera-elle très différente?

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S’il y a bien un très sale démon qui hante ce film, c’est celui de l’ultra-prévisibilité: on voit venir le moindre évènement important à trois kilomètres, l’affiche présente une ressemblance bien trop grande avec celle de tas d’autres films de possession récents, et même l’actrice centrale, aussi pâle et maigre que bon nombre de ses consoeurs des films de genre, a un peu trop la gueule de l’emploi.
Il faut néanmoins saluer une réelle tentative, même si elle n’aboutit pas toujours: on a déjà un scénario consistant, ce qui se fait rare dans le cinéma d’horreur contemporain (mais je ne vous apprends rien sur ce coup-là). On a ensuite un cadre très réaliste (l’Espagne des années 90, sur laquelle l’accent est beaucoup mis ) et des personnages crédibles, servis par des acteurs très impliqués (notre actrice principale, pour en revenir à elle, est d’un naturel assez remarquable. Quant aux enfants...d’une redoutable authenticité.)
Mais il y a surtout une vraie recherche dans l’épouvante, une volonté de se démarquer des autres films d’horreur; et même si l’angoisse suscitée s’estompe très rapidement, même si l’atmosphère de terreur installée reste fragile et évanescente, on ne peut qu’approuver cette volonté de ne pas que surenchérir dans des jumpscares grossiers, de ne pas toujours vouloir nous faire sursauter à tout prix, de tenter d’instaurer une horreur bien plus diffuse et subtile.

Un film un peu branlant, mais suffisament solide pour ne pas se casser les dents (merveille de la rime...)

PS: il y a une scène qui fait penser à Grave, aussi.

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