La famille d'Enzo vit le rêve bourgeois d'habiter une belle villa vue sur mer dans les hauteurs boisées d'une ville de la côte d'azur. L'été est là, les vacances approchent et les parents envisagent de partir en vacances, de louer une villa (qui pourra ressembler à la leur) près de Naples. Les gens heureux n'ont pas d'histoire. Pourtant, si tout semble réussir à l'aîné dont la préoccupation majeure est de savoir s'il intégrera une prépa prestigieuse ou la plus prestigieuse, Enzo s'ennuie en apprentissage maçonnerie dans une TPE locale. Par choix. Pour le père, ce n'est pas tant que le métier de maçon soit déshonorant, épuisant, modestement rémunéré, c'est que ce choix ne cadre pas avec le reste. Lui et sa femme ont de bonnes situations confortables, leur aîné est promis à de belles études. Quelque chose cloche chez Enzo et ses parents n'arrive pas à cerner ce qui empêche leur fils d'être heureux. Pour le spectateur c'est pourtant évident : Enzo est un ado de 16 ans qui ne comprend pas le monde qui l'entoure et peine à y envisager sa place. Quel sens donner à sa vie confortable quand d'autres se battent et risquent leur vie en Ukraine ?

Reste à faire un film avec ça.

Le film de Campillo et Cantet est lumineux et réserve quelques rebondissements intéressants. Mais je m'y suis ennuyé. La mise en situation des deux premiers tiers est lente, presque inintéressante, plombée par la mauvaise humeur d'Enzo quasi dépressif et la colère froide et bienveillante de son père. Jusqu'à ce que le rythme s'accélère, j'y ai vu une crise d'adolescent banale dans un décor de rêve absolument ennuyeux. Il me semble comprendre l'intention des auteurs, mais n'aurait-on pas pu sinon raccourcir le film, à tout le moins enrichir les perspectives, les histoires, les dialogues, "pimper" les enjeux ? Je n'ai pas vu le chef d'oeuvre que j'attendais...

(Mais un film qui, mûrissant, laissera longtemps des images?)

Activité sur Enzo