Bien avant le film Invincible d’Angelina Jolie, le sujet des prisonniers de guerre américain faisait déjà l’objet d’un film pour le moins… énigmatique mais surtout terriblement poétique…

Furyo pour son titre francais mais que je trouve assez simpliste au regard du titre anglais,

Merry Christmas Mister Lawrence déjà plus poétique. Le titre japonais a choisi de conserver

le joyeux Noël mais en remplaçant Mister Lawrence par le champ de bataille (Senjo) ce qui là aussi est une référence à un moment fort du film. Le terme peut aussi se traduire par lascif et sensuel, une évocation qui traduit bien les enjeux humains qui parcourent ce film.

On suit donc non pas une histoire mais plusieurs parcours, celui du colonel John Lawrence

et du Sergent Gengo Hara incarné par un Takeshi Kitano encore au début de sa carrière

mais déjà saisissant dans la dureté de son jeu. L’histoire se situe sur l’île de Java en 1942

dans un camp de prisonnier Américain. Des prisonniers à qui on infligent humiliations

sur humiliations. Le colonel Lawrence essai tant bien que mal de gérer les affaires quotidiennes auprès d’un sergent qui n’arrive pas à comprendre la mentalité de ces américains captifs.

C’est dans ce climat anxiogène que le Major Jack Celliers (interprété par David Bowie) arrive

dans ce camp chapeauté par le capitaine Yonoi qui ne peut s’empêcher d’éprouver pour

ce prisonnier des sentiments contradictoires. Est-ce de l’admiration ? De l’amour, de la haine,

une forme d’incompréhension d’un être semblable tout en étant fondamentalement différent

dans son mode de pensée.

Deux duo qui vont contribuer à faire avancer cette histoire au sein même d’une Histoire

en marche.

Un film au style naturaliste sans à coup ou on prend le temps de se poser tant dans l’histoire qu’en soi. La bande originale de Ryuchi Sakamoto ajoute une touche poétique qui vient sublimer une histoire poignante où la vie et la mort se côtoient main dans la main.

La force de ce film réside dans sa capacité à faire surgir ces moments de grâce pendant lesquels

le temps semble se suspendre. Pendant lesquels on se sent happé par la beauté de l’instant.

Un instant fugace qu’il faut saisir, savourer…

Car au fond une guerre c’est un affrontement entre deux camps qui pensent avoir raison…

et comme le dit si bien ce cher Colonel à ce sujet…

« …the truth is of course that nobody is right. » (... en vérité, bien sûr, personne n'a raison.)

Mention spéciale pour cette réplique :

« There are times when victory is very hard to take. » (Parfois, la victoire est très dure à vivre.)

Une œuvre touchante et puissante que je conseille avec le même sourire de Takeshi Kitano,

car pour paraphraser Boris Vian, le sourire au même titre que l’humour peut aussi être considéré comme étant la politesse du désespoir…

Activité sur Furyo