Le roman de mœurs le plus célèbre de Flaubert décrit, avec impartialité et objectivité, la polarité démesurée entre le dévouement inconditionnel et naïf d’un médecin envers sa femme volage, dégoûtée par ses allures gauches et simples, et qui n’a point de scrupules à se livrer aux plus grands excès matérialistes, causant sa perte et celle de son mari. Bien qu’il m’ait semblé, à première vue, qu’il ne s’agissait que d’une simple histoire d’amour aux proportions et conséquences certes démesurées, celle-ci n’est en réalité que l’écorce d’une médisance flaubertienne sur les mœurs de l’époque, caractérisée par une critique acerbe de la religion, de la maternité, de la vie conjugale et des vices féminins, ce qui vaudra à l’auteur un procès pour exposition de théories contraires aux bonnes mœurs, aux fondements de la société et au respect (il sera finalement acquitté). Madame Bovary est ainsi un roman rythmé, où rebondissements, drames et fourberies vous offriront une lecture haletante, pleine de pérégrinations au cœur d’un pilier du réalisme.

"Ma femme ne s'en occupe guère, dit Charles ; elle aime mieux, quoiqu'on lui recommande l'exercice, toujours rester dans sa chambre, à lire.

- C'est comme moi, répliqua Léon ; quelle meilleure chose, en effet, que d'être le soir au coin du feu avec un livre, pendant que le vent bat les carreaux, que la lampe brûle ?...

- N'est-ce pas ? dit-elle, en fixant sur lui ses grands yeux noirs tout ouverts.

- On ne songe à rien, continuait-il, les heures passent. On se promène, immobile dans les pays que l'on croit voir, et votre pensée, s'enlaçant à la fiction, se joue dans les détails ou poursuit le contour des aventures. Elle se mêle aux personnages ; il semble que c'est vous qui palpitez sous leurs costumes."

Activité sur Madame Bovary