ILa série est bien jouée. Les acteurs sympathiques sont tous crédibles. Les décors victoriens très bien faits illustrent bien l'histoire.

La série est axée sur ce qui constitue la base de la société anglaise, et ce bien plus qu'en France : l'opposition de classe mais aussi sur ce qui est moins connu l'opposition nord/sud.

Le nord ouvrier et le sud universitaire aristocratique. Pour ce qui concerne le foot, le monde ouvrier qui tend vers le professionnalisme et un échappatoire à l'usine et le sud aristocratique pour lequel le foot est un jeu noble libre, gratuit interdit aux calculs financiers.

Empêtré dans les micros histoires propre aux séries, The English Game rate le coche en laissant trop de prise aux sentiments et en n'accordant qu'une marge frustrante à l'évolution sociétale du foot. Mais également et ce qui est encore plus frustrant, à l'évolution des règles de jeu, des structures sportives, des équipements, des tactiques de jeu. Dans un moment magique et visiblement fortuit pour le réalisateur, on voit le capitaine de l'équipe d'Eton proposer à ses coéquipiers contre les ouvriers de Darwen d'avancer en ligne serrée en fonçant balle aux pieds vers les buts adverses. Véritable charge de preux chevaliers contre les gueux sarrasins. Alors que Suter, peut-être la première vedette de ce sport, propose un jeu plus éparpillé basé sur un jeu de passes de contournement et d'infiltration. Suggérant que les aristos veulent profiter de leur constitution plus robuste. Ce qui est très intelligent car effectivement les joueurs ouvriers semblent bien plus chétifs voir maladifs et misent sur une réflexion tactique. Ici, dans le foot, l'opposition force physique/intelligence n'est pas là où l'attend.

D'où cette impression de frustration que donne la série.

Cette opposition conditionnera pourtant toute la société ; le foot échappant à l'aristocratie et devenant le sport populaire mondial par excellence .

Le rugby suivra le chemin opposé. Les ouvriers voulaient passer professionnels. La fédération anglaise du rugby dirigée par un pasteur était résolument opposée à ce passage et surveillait attentivement toutes les histoires d'argent.

En 1895, les deux fédérations du nord et du sud organisent un congrès où il sera décider pour le rugby du passage ou non au professionnalisme. Une voix par président de club. La fédération du sud aristocratique et universitaire voit la catastrophe arriver lorsqu'elle apprend que les orugbymen-ouvriers du nord créent des clubs bidons pour obtenir la majorité des voix. Le jour du congrès, les nordistes arrivent à Londres, s'y perdent car ils ne connaissent pas la Grande Capitale Londres et arrivent trop tard au congrès. Les aristos ayant profité de l'absence des ouvriers pour changer les statuts et entériner l'amateurisme. Le rugby ne passera professionnel que 100 ans plus tard en 1995. Les ouvriers d'Halifax, de Hull, de Sheffield créeront le rugby à XIII qui sera donc quasiment professionnel dès sa naissance et ne cessera de "piquer" des joueurs au XV (le plus célèbre Jonathan Davis le gallois - années 80).

Aujourd'hui, le foot s'est gendérisé et les prolos ont disparu des tribunes. Le hooliganisme a disparu (on va le dire vite) mais un spectacle de famille pour milliardaires abrutis, vils, maniérés et cocaïnés et éthnologiquement plutôt marqués par le apparemment regretté et réminiscent passé colonial (je me permets d'utiliser le parler de "ces dames" de la Haute (Université) = tu traduis y aura plus bientôt que des blacks - la France sur ce plan est la plus moderne!).

Le peuple anglais n'apparaît plus qu'au rugby à XIII et assimilé par les médias anglais lorsqu'il proteste (voir l'assassinat de 3 petites filles par un rwandais ou le scandale des violeurs pakos) à des groupuscules d'extrême droite ou à l'expression de populistes marginaux alors que c'est tout simplement leur propre peuple qu'ils ont invisibilisé et quils ne voient plus ; un peuple à la marge et marginalisé : une Angleterre périphérique à la Guilly .Les clubs de Superleague sont en effet des petites villes périphériques de métropoles comme Salford pour Manchester par exemple ou Wigan pour Leeds.

Bref, une série qui reste à faire.

Activité sur The English Game