Troisième visite dans l'univers de Carl Hiaasen. La recette est la même - des accrocs et des escrocs en Floride - et on s'y laisse prendre sans déplaisir. L'histoire tourne autour de gagnants du loto qui n'ont pas trop envie de se partager le magot. D'un côté JoLayne, assistante vétérinaire afro-américaine dévouée et pas du genre à se faire dicter sa conduite. De l'autre, la paire Bode et Chub, idiots par nature et xénophobes par vocation. Lâchez un journaliste poil-à-gratter au milieu, et c'est l'aventure explosive assurée. Si on s'en tenait là, c'est effectivement ce qu'on obtiendrait. Un bon roman de plage qui se lit en un après-midi. Mais Hiaasen aime toujours ramener sa fraise sur son sujet de prédilection, la Floride.

Reporter de profession, l'écrivain a beaucoup à dire sur les attrape-couillons et autres arnaques qui font autant le charme que la décadence de l'état. En parallèle de l'intrigue principale, nous sommes familiarisés avec les manœuvres de Demencio, un résident prêt à inventer tous les stratagèmes pour rameuter tous les touristes autour de sa statue de Madone. Et s'il n'y avait que ça,...Et le problème c'est qu'il y a trop justement. Non pas que la description des allumés évangélisateurs, des actrices à moitié cintrée ou des hommes de loi véreux manque de sel. Cependant, on a parfois l'impression que la narration digresse plus pour permettre à son auteur de régler des comptes que pour faire avancer le récit.

Un problème que je ressentais également mais un peu moins prononcé sur le fendard Queue de Poisson. Sans doute parce que le rythme est un poil plus enlevé. C'est embêtant, surtout que Hiaasen pose tout de suite le sujet de la discorde. La première partie, c'est du 200 à l'heure et en ligne droite. Ensuite, il faut composer avec quelques détours, pas désagréables mais arrivé au dernier tiers, on en vient à questionner leur utilité (notamment les parties consacrées à Demencio et au rédac chef Sinclair). Laisser cela en accompagnement sur le plat principal au lieu d'une couche supplémentaire aurait probablement permis de garder cette vitesse de croisière. Heureusement, on s'amuse devant la galerie de portraits pas piqués de hannetons mais il manque ces moments où l'absurdie converge vers le lecteur avec une évidence imparable. Le très bon De l'orage dans l'air est celui qui a su trouver le bon dosage. Mais qu'on ne s'y trompe pas, Jackpot remplit son office de divertissement avec en prime des personnages atypiques.

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