A l'heure où l'on se complait à taper avec ardeur sur n'importe quel film Netflix original, on peut légitimement se gratter l'occiput devant l'accueil indulgent réservé à Novocaine.

Parce qu'un high concept ne fait pas tout, même si à première vue, il a l'air de tenir ses (maigres) promesses.

Car sorti de son personnage principal attraction de SVT, le film n'a pas grand chose à proposer sortant des sentiers battus. Et si cela peut sembler rigolo de le voir s'en prendre plein la gueule (faut le dire vite), cela tourne assez vite en rond.

Novocaine réussit même l'exploit d'oublier certains de ses arguments ou de ses rares bonnes idées en cours de route, comme l'alarme toutes les trois heures, histoire que sa vessie n'explose pas, ou encore lorsqu'il s'enfile des doses d'adrénaline pour se rebooster.

Novocaine réussit même l'exploit de laisser des trous béants dans son scénario pourtant pas bien profond à la base, c'est dire, si même le masqué est capable de les remarquer.

Le plaisir tiendra donc uniquement de voir une endive braisée transformée en punching ball et se faire trouer à longueur de séquence. Le plaisir est là, mais sera très vite oublié devant certains souvenirs de série B qui avaient été dédaignées en leur temps. Mais j'y reviendrai plus tard.

Car c'est doute le plus gros défaut de Novocaine : ne jamais sombrer dans le décomplexé, voire le cartoon dans son appréhension de son idée force et de sa violence. Au point que le masqué, durant la séance, n'a jamais eu mal à la place du personnage à cause d'un coup qu'il encaisse sans broncher. Car il n'a jamais souri devant Jack Quaid en train d'imiter la douleur alors qu'il ne sait même pas ce que c'est.

Novocaine se montre souvent timide, à l'image de cette maison que l'on nous promet piégée... Pour mieux nous refourguer un remake small teuf de Maman, J'ai Raté l'Avion... Or, avec un peu d'imagination et d'audace, Novocaine aurait pu ressembler à un Hyper Tension des années 2020. Novocaine aurait pu pousser tous ses curseurs en mode maximum et embrasser l'aspect déglingué qui aurait pu être porté par l'idée de l'insensibilité à la douleur.

Il est pour le moins curieux que la critique souffre d'aussi gros trous de mémoire parfois, alors que les deux œuvres sont étonnamment similaires dans leur argument de vente.

Mais sans doute que Hyper Tension était trop vulgaire et sale, trop détraqué et trop over the top pour cadrer avec l'idée d'un divertissement acceptable. Sauf que la saga embrassait, au moins, sa bêtise crasse et sa folie furieuse pour l'élever vers les sommets dégénérés du divertissement et du plaisir même pas coupable. Et transpirait le charisme de sa figure de proue.

Ce dont Novocaine, avec son programme balisé, son plaisir des plus volatils, son découpage aléatoire de l'action et son Jack Quaid sans saveur, ne saura jamais se targuer.

Behind_the_Mask, pain killer.

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