1994
7
1994

Album de Hamza (2017)

Chronique également dispo sur le site : www.universsale.com


De Pulp Fiction à The Mask, en passant par la sortie de Ready To Die ou Illmatic, sans oublier celle de la Playstation au Japon, l’année 1994 a assisté à l’avènement d’un paquet de chefs d'œuvres qui ont posé les bases de leur genre pour faire aujourd’hui partie de notre quotidien et de notre culture.


C’est donc en cette fabuleuse année, placée sous le signe du « futur classique », que va naitre un homme, petit de par la taille, mais immense par le talent, un jeune Belge qui se prénomme Hamza.


Bousillé à 50 cents étant plus jeune, et dont l’inspiration voyage entre Atlanta et son fameux Young Thug, jusqu’à Toronto avec Drake en tête de liste, sans omettre bien entendu le King Michael Jackson ; le rappeur/producteur revient sur le devant de la scène pour nous délivrer sa nouvelle mixtape. Le nom faisant bien évidemment référence à son année de naissance, elle s’avère être beaucoup plus professionnelle et aboutie que ses précédents projets, en partie grâce aux nouvelles étapes franchies dans sa carrière : la création de son label « Just Woke Up » et sa signature avec Rec 118, filiale de Warner Music.


S’implantant petit à petit dans le paysage rap français, même s’il faut préciser que c’est un des premiers Belges de sa génération à avoir mis le plat pays sur la carte du rap, bien avant Damso, Hamza est un personnage toujours plus à la frontière entre le R’n’B et la Trap. Après 4 projets qui ont permis de découvrir son univers, le H nous propose une nouvelle carte de visite avec « 1994 ». Sans aucun featuring, il va piocher dans ce qu’il nous a précédemment livré, tout en visitant de nouvelles sonorités. Le SauceGod reste fidèle à lui-même, mais ne s’empêche pas d’innover et de s’aventurer dans certains territoire encore inexplorées, avec en fer de lance un côté très personnel (d'où le nom du projet) auquel il ne nous avait pas habitué.


« J’faisais partie d'ces gens affamés juste avant qu'je graille
J'faisais partie d'son cœur avant qu'elle me dise bye-bye »


Dès l’introduction, « Life », le Belge se livre, et nous offre un aperçu de ce que va être cette mixtape : une tape où le chant, un exercice qui lui tient à coeur, prend énormément de place et prédomine, où l’écriture, très anglicisée, caractérisant le personnage, est extrêmement soignée, et où les thèmes abordés sont beaucoup plus vastes qu’avant, surtout beaucoup moins portés sur le sexe (un changement peut être engendré par la rencontre avec sa bad girl). Produit par Ponko, qu’on retrouve à la prod sur 9 autres pistes et avec qui l’entente musicale coule de source, le son est plus intimiste que tout ce que nous a proposé Hamza par le passé, et marque donc déjà un certain renouveau.


Le côté plus personnel du projet est également frappant sur la 2e piste, « Juste une minute », avec bien entendu ce fabuleux sample de Rachid Taha, « Ya Rayah ». Un morceau qui rappelle les rythmiques du R’n’B américain du début des années 2000 (R.I.P. Aaliyah), et qui offre une facette communautaire encore jamais exploitée par le rappeur d’origine marocaine, ce qui permet d’ajouter une nouvelle corde musicale à son arc.


« T’as beaucoup trop de sauce, yeah habibi
Juste un p'tit peu plus de love, gimme, gimme »


En tant qu’autoproclamé « New Michael Jackson », le Belge maitrise son art, et nous offre des morceaux chantés qui tendent plus vers le R’n’B que le rap comme « Godzilla » ou le pont dans « Monopoly » (produit par Ikaz Boi et Hamza lui-même), et des vocales de haut niveau avec « Cash Time » et son magnifique refrain, ou encore « Mi Gyal » et « Vibes » (clippé début octobre pour la promo, avec une prod de Street Fabulous), deux titres aux sonorités caribéennes et dancehall, déjà mises à l’honneur sur sa mixtape New Casanova.


« SauceGod, caliente, coach personnel »


Mais Hamza est avant tout un rappeur, et un très bon, et il nous le rappelle avec des sons tel que « Mucho Love » (avec une prod magique du jeune Freaky!), « Silicone », « Pasadena », « Pas de Remord » (produit par Myth Syzer, et qui se rapproche le plus des deux premières mixtapes) et bien entendu « Jodeci Mob », le banger de ce projet, produit par Ponko et Nico Bellagio, et faisant référence au groupe des années 90 de New Jack Swing, un genre entre le R’n’B et le rap (tout est relié), sur lequel il pousse au paroxysme le « franglish », nous offrant ainsi un tas de fucking rhymes et de références bien pensées au milieu de tous ses gimmicks et ad-libs (les hey! yah! sku!) :


« Outkast, j'me sens comme André 3000
En drop top quand le ciel est couvert »
— — —

« Saucegod jump, hey, un peu comme Jordan dunk, hey
Moon rock skunk, j'me sens comme Tupac Shak', hey »
— — —
« Elles veulent du love, j'leur donne que le zob, yo
Fais le job, first ton bec bitch, fais le job, yah »


Pour boucler la boucle, le projet se termine avec la piste 14, nommée « 1994 ». Morceau réellement intime et introspectif, cette outro nous permet d’en comprendre un peu plus sur le personnage, qui à travers de ce titre en dit plus sur son passé qui restait jusqu’ici très vague pour l’auditeur. Celui qui « vivait la misère au jour le jour » et « voulait juste un peu d’amour » nous dévoile un nouveau visage, et finit donc ce projet en beauté, avec un morceau à l’image de la mixtape : plus personnel, mélangeant rap et R’n’B à la perfection, et au chant et vocales maitrisées et envoutantes.


« Devant le bloc avec MK, violent la société m'aime pas
2017 j'suis le même gars, beaucoup de haine mais ça m'touche pas »
— — —
« Y’avait qu'ma mère et ma conscience pour m'consoler quand j'étais seul »


Avec cette nouvelle carte de visite, Hamza entame un tournant dans sa carrière. Après plusieurs projets brouillons et explorant divers genres, le SauceGod revient en force avec quelque chose de plus maitrisé, plus soigné dans l’écriture . Mélodieusement, il est encore passé à un niveau supérieur, et on le sent réellement à l’aise sur tous types de prods. Cette mixtape est donc sans aucun doute sa plus aboutie, et ne peut annoncer que du bon pour l’album, qui on l’espère, arrivera assez vite.

En attendant, prend ta dose jusqu'à l'oversauce.


Chronique également dispo sur le site : www.universsale.com (ainsi que Orelsan - La fête est finie / Niska - Commando / Kekra - Vreel 2 / Vald - Agartha et bien d'autres) Retrouvez également des visus et des playlists exclusives
Rejoins l'armée sur Insta à @univers_sale et sur Facebook : @universssale
en collaboration avec @Athome

Madabkr
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 3 déc. 2017

Critique lue 1.1K fois

5 j'aime

Madabkr

Écrit par

Critique lue 1.1K fois

5

D'autres avis sur 1994

1994
BRKR-Sound
9

SAUCEGOD réinvente le Rn'B moderne.

Révélé pour sa mixtape H24 (2ème mixtape après RECTO-VERSO), Hamza est arrivé dans le décor Hip-Hop francophone il y a un peu plus de 2 ans. On a pu découvrir la bombe "La sauce" et le kiffant...

le 27 oct. 2017

17 j'aime

1

1994
ChatDeMontaigne
5

Critique de 1994 par ChatDeMontaigne

Quand j'écoute Hamza, je voudrais être Tirésias et ainsi avoir, une nuit, ma chance auprès de lui. Dans mes cauchemars hystériques je me rêve nue et capable de réveiller les sens assoupis du...

le 3 nov. 2017

14 j'aime

6

1994
Yanga
8

Viens voir Docteur Saucegod

Le syndrome du Saucegod, c'est ce phénomène qui touche la fanbase d'Hamza et sur lequel je suis enfin parvenu à mettre le doigt lors de son premier passage à Marseille, le 20 mars dernier. Concert...

le 31 mars 2019

6 j'aime

Du même critique

Amicalement vôtre
Madabkr
8

Journal intime d'un ex-zonard

Chronique également dispo sur le site : www.universsale.com Si comme moi, vous scrutiez YouTube en 2011, c'est que vous attendiez les sorties des derniers battles des « Rap Contenders », RC du genre...

le 28 déc. 2017

3 j'aime

Fruit de paix
Madabkr
7

De la trap et des fruits

Chronique également dispo sur le site : www.universsale.com Décidément, la Belgique est à l’honneur en cette fin d’année 2017. Après l’excellente tape d’Hamza « 1994 » (chronique à retrouver sur le...

le 11 déc. 2017

2 j'aime

2

Eurêka
Madabkr
7

Bikolo Come-Back

Chronique également dispo sur le site : www.universsale.com Ca y est, l’électron est « libérable », et il n’a pas perdu de temps pour faire son retour. Un mois et demi après sa libération et après...

le 28 déc. 2017

1 j'aime