2
7.2
2

Album de Black Country Communion (2011)

Environ 10 mois après la sortie de son premier effort, Black Country Communion (BCC) réitère. Enrichi d'un succès critique et commercial que l'auditeur clément aura considéré comme mérité, le leader sexagénaire Glenn Hugues s'est lancé en ce début d'année dans l'écriture de ce qu'il appellera "II". Ce nom très zeppelinien est la première d'une longue suite d'initiatives peu judicieuses consistant à reprendre de nombreux ingrédients de la musique de la bande à papa Bonham. Certes, le batteur Jason Bonham est le "fils de". Certes, Joe Bonamassa est un infatigable admirateur de Jimmy Page. Mais Derek Sherinian (inexistant sur le premier opus, vaguement plus présent sur celui-ci) et surtout le dictateur démocrate Glenn Hugues auraient dû raisonner nos deux fans et amoindrir leur prosélytisme zeppelinien, car la recette de ce II semble désormais consister en recyclage de riffs et de sonorités toutes trouvées 40 ans plus tôt. De ce point de vue, BCC est très certainement l'un des meilleurs tribute band à la gloire du zeppelin de plomb. Prenez le blues "Little Secret" : la guitare solo, amoureuse du chant sensuel et puissant, lui répond par incartades techniques non moins dépourvues d'âme. Maintenant, comparez-la au fameux "Since I've Been Loving You", issu du troisième opus de Led Zeppelin. La ressemblance est frappante, n'est ce pas ? Réitérons l'expérience avec "The Battle For Hadrian's Wall". Introduction acoustique aux relents celtiques, lignes vocales assurées par Bonamassa pour plus de douceur, emploi de la guitare slide : tout ici rappelle "The Battle For Evermore" du mythique IV, même le titre.

Si l'ensemble de l'oeuvre peut s'apparenter à un hommage Zeppelinien, Glenn Hugues y apporte également une certaine dose de Deep Purple : "I Can See Your Spirit" et "Smokestack Woman", avec leurs riffs ravageurs et un Derek Sherinian très inspiré par Jon Lord, exhument le meilleur de Burn ou Stormbringer. Le problème avec un tel brassage d'influences, c'est que leur magnétisme finit par stopper toute aspiration à une personnalité propre : BCC fait du Led Zeppelin, du Deep Purple, mais jamais du BCC. Ce problème, finalement inhérent aux supergroupes, sera probablement la pierre d'achoppement inhibant la formation d'atteindre les sommets rejoints 40 ans auparavant par les mythes tant adorés, que les auditeurs s'empresseront de retrouver a posteriori. Pas de méprise cependant : la maîtrise technique du groupe est largement assurée et les morceaux sont efficaces. Ce II est très agréable à l'écoute. Il est même légèrement meilleur que le précédent. Mais qu'en tirer sur la longue durée ? Que Led Zeppelin et Deep Purple sont des groupes à l'influence encore vérifiable aujourd'hui ? Deux questions aux réponses finalement rachitiques : "peu" et "oui, la preuve".
BenoitBayl
6
Écrit par

Créée

le 9 déc. 2013

Critique lue 163 fois

Benoit Baylé

Écrit par

Critique lue 163 fois

Du même critique

First Utterance
BenoitBayl
9

Critique de First Utterance par Benoit Baylé

Souvent de pair, les amateurs de rock progressif et de mythologie connaissent bien Comus. A ne pas confondre avec son père, Dionysos, divinité des intoxications liquides et autres joies éphémères, ou...

le 9 déc. 2013

23 j'aime

Alice in Chains
BenoitBayl
9

Critique de Alice in Chains par Benoit Baylé

La révélation mélancolique Il y a maintenant 5 ans, alors que ma vie se partageait entre une stérile végétation quotidienne et une passion tout aussi inutile pour le basket-ball, je découvris la...

le 9 déc. 2013

22 j'aime

2

Kobaïa
BenoitBayl
8

Critique de Kobaïa par Benoit Baylé

A l'heure où la sphère journalistique spécialisée pleure la disparition pourtant prévisible de Noir Désir, espère la reformation du messie saugrenu Téléphone et déifie les nubiles BB Brunes, les...

le 5 déc. 2013

15 j'aime

1