Alors que se profile leur prochain album Getting Killed qui sort à l'automne 2025, et dont quelques titres sont déjà sortis ("Trinidad" ,ce banger!), je fais un petit retour sur leur précédent opus, 3D Country, sorti en 2023 et qui, avec l'usure des écoutes répétées, n'a pas perdu de sa force et de son originalité, chose assez rare dans la scène Indé du Rock US. Cameron Winter, chanteur de Geese a sorti entre temps un album solo ("Heavy Metal") aux accents drackien qui mérite une attention dans l'idée de suivre des compositeurs contemporains qui ont une esthétique singulière et une radicalité rafraîchissante (que l'on retrouve principalement désormais dans le hip hop).
3D Country représente cet art perdu (ou moins exploré) de la recherche d'originalité, ou tous les titres de l'album cherchent à se distinguer les uns des autres, à réinventer une formule tout en gardant une ligne plutôt forte de déconstruction des gimmicks de la chanson rock. Les fins sont bruitistes, les solo foutraques et jouissifs et la palette d'expression vocale de Cameron Winter habille chaque titre d'une intensité différente. Ils ne sont certainement pas les seuls à explorer ce basculement du format de composition (et sûrement dans d'autres esthétiques musicales) qui ne tombe pas dans l'expérimental ou la weird music (qui ont par ailleurs leur qualité).
Dans 3DCountry, on entends toute l'inventivité prog des late60's ("2122" et son explosivité digne d'un 21st CenturySchizoïd Man) sans que cela en soit, le rock US 70's ("I See Myself" et ses choeurs stoniens à la Exile) sans que cela en soit, , une sorte d'arrogance arty des 80's sans que cela en soit, un détachement post moderne des 90's dans les paroles ou la déconstruction formelle des années 00's sans que celà en soit vraiment.
Si un jour on parvient à faire une histoire de la musique des années 20's (au regard de l'offre exponentielle d'œuvres musicales produites et accessibles), il y a fort à parier (mais c'est un vœu de ma part) que cet album aura été un marqueur de son temps, forcément peu ou pas reconnu car noyé dans la masse, le changement d'intérêt pour les esthétiques rock et la dilution des espaces communs de la musique dans des niches de consommation à propriété individualisante.