God save the queen

Il paraît que les Inuits ont 40 mots pour désigner la neige. Kate Bush est dix degrés au-dessus. 50 mots ou rien. Et ça commence par une mer de glace. 9 minutes 35 top chrono. Long. Tel un mélo symphonique, ça prend son temps, et le tempo est lent. Et au loin des signes imperceptibles. Des petits flocons de notes. Un chant-parlé. Fredonné-chanté. Kate Bush a sa propre maison de production. Donc comme elle ne vise plus le top 50, elle peut faire ce qu’elle veut. D’où la durée des morceaux, et les morceaux pas formatés radio. Ça change de l’ordinaire. Mais a-t’elle toujours la flamme ?

The world is fallin’ dit-elle. Sussure-t’elle. Et la surprise de ne pas reconnaître sa voix. Sa voix a muée. Le temps qui gâche tout, lui a volé un ou deux octaves. Son registre s’est A-gravé. Par contre elle a toujours un sacré style au piano-voix. Snow Flake.
Elle disait en substance, que ce n’était pas à son âge qu’elle allait se mettre à gueuler. Donc acte. Ballade pour romantique. Lucide en plus de se faire rare, elle nous offre un choral très presbytérien. Pour l'excentricité, les anciens albums sont là pour ça. Son balancement au piano, accompagné d’une discrète marche en avant de la batterie, ça s’ébranle doucement. Sur tout le morceau. Quelques accents bien de chez elle, quelques rides d’expressions. Et les chœurs qui nous rappellent quelque chose. Son amour des voix empilées, en harmonie, et du piano droit. Et ça s’éclaire avec les violons qui s’éveillent. Calmement. Voire simple. Réduit au blanc sur blanc. Simplement. Il faut prendre son temps, ne pas être énervé, pour apprécier cet album. Et ça me berce. Lake Tahoe.

Misty. Ah ! Voilà que renaît l’ancienne Kate. Aucun doute. Les aigües avec beaucoup  de vigueur, cette voix qui se casse à loisir, une ligne mélodique sans fin. Et là encore, accompagnement minimal, basse au centre. Un tapis de rose au piano. Et la voix qui marche dessus. Elle nous raconte une histoire, et la ballade de… 13 minutes ! Wow…quelques petits frissons dans le dos. Atmosphère et froid solennel. Et aussi quelques râles. Ahh…rrrrggg. Elle est toujours là. 
Willd Man. Tiens ! Une chanson pop, une vraie. 7mn17. Une chanson pop qui ne passera jamais à la radio, elle non plus. Who cares ? Le refrain avec les deux voix et l’orgue est juste…Miam ! J’adore. La voix du mâle est surprenante. Toujours cette capacité à surprendre. Le tempo reste médium, mais l’écriture suave nous sauve de la torpeur. Et ses sons étranges sortis de nulle part….Le synthé sonne comme nulle part ailleurs.  Snow In At Wheeler. Duo avec sir Elton John. Que j’ai eut du mal à reconnaître. Ça fait longtemps. Avec un lancinant bourdonnement électronique, qui « perturbe » le morceau, et dans le bon sens. C'est bon ça. Et les deux solistes qui soudain se rendent coup pour coup. Ça finit très fort !!

Amongs Angels. Magnifique piano-chant. Ça fait plaisir de la retrouver. Les cordes et violons agréables comme tout. Ce morceau se ressent comme une synthèse de ce qu’elle était capable de faire avant. Et ce qu’elle est maintenant. Beauté du piano, simplicité du chant, virtuosité dépassée par le sentiment, verve et chaleur poétique. Mâture. Elle l’a toujours été. Encore plus. Elle a toujours aimée les voix mâles terriennes, sourdes, et puissantes. Et ça donne ça. Et ça s’emballe. Et c’est très homogène, comme travaillé en profondeur. On est loin de Hounds Of Love. Mais comme nous, elle sait que tout retour en arrière est impossible. Par contre il y a beaucoup de matière, de pâte, retournée, et malaxée. Et le souffle du blizzard est bien là. Dans les harmonies du synthé. Et le gars qui cite tous les mots pour dire neige. Qu’elle idée ! Mots dont certains (voire beaucoup) sont issus de la pure fantaisie poétique de kate. 19 phlegm de neige (Oups !)
33 Zhivagoddamarbletash (Á tes souhaits.)
46 Anechoic. 47 Blown for Polar fur (Pas mal !)

Pour avoir la liste complète, tapez: 50 words for snow Lyrics, sur le moteur de recherche de votre choix…Et le refrain cinglant qui va rappeler quelque chose aux fans de la première heure. Mais le vent glacial recouvre tout. Une boucle pop-rock solide comme une boule de neige, du feu sous la glace. Alors pourquoi la neige ? Je ne sais. Il y a moins de folie, mais le travail est très abouti. Elle n’a pas tout perdue. Moi qui n’avais pas été convaincu par Aerial, je suis tout sourire. La reine d’Angleterre est de retour.