Limites artistiques?

Une question qui me pose souvent problème est de savoir si la conscience de soi est une vertu en soi. Notre capacité à faire le point sur nos diverses lacunes est un trait de personnalité inestimable, mais à quoi sert toute cette comptabilité personnelle si des changements de comportement importants ne se produisent pas?
Indépendamment des efforts déployés pour remédier à la situation, on pourrait facilement affirmer qu'une abondance de conscience de soi est pire qu'un manque de conscience. Cesser d'évoluer en tant que personne est une chose, mais le faire consciemment en est une autre, comme conséquence directe de vos actions ou de vos inactions.

Aussi curieux que soit ce débat, voilà les questions que je me suis demandé (en ruminant) lors de la première écoute du premier projet de Lil Nas X, "7 EP".
Depuis que "Old Town Road" a fait son entrée sur la scène en mars, le signataire de Columbia Records, âgé de 20 ans, est plus une star qu'un artiste; Un talent charmant qui risque de rencontrer le même destin que les nombreuses sensations virales qui l’ont précédé. De plus, Lil Nas X est bien conscient de cette situation. Il en plaisante régulièrement sur les médias sociaux, se faisant aimer de ses partisans en publiant une série de "memes" spirituels sur ses pensées.

Dans cette optique, 7 EP était la meilleure chance de Lil Nas X de tirer parti de cette surabondance de conscience de soi; pour prouver définitivement que, malgré toutes ses blagues clignotantes, il est plus qu'un "meme" ambulant. Malheureusement, cette déclaration artistique définitive est remplacée par une collection de huit chansons qui semblent toutes avoir été conçues - à l'exception de "Old Town Road" et de son remix - en utilisant une méthodologie faite pour recréer le succès croisé de son fameux single.

Qu'il s'agisse des guitares pop-punk bon marché de "F9mily (You & Me)" ou de "Bring U Down", qui semblent avoir été écrites par quelqu'un qui avait déjà entendu une interprétation assourdie d'une chanson de "The Killers", les raisons pour lesquelles ces chansons ne respectent pas le modèle "Old Town Road" varient. La plupart du temps, le matériau bloque à un niveau fondamental d'écriture musicale. Il n'y a plus les refrains gagnants, les vers inépuisables et les houles cinématographiques qui ont fait de «Old Town Road» un tel succès.

Par contre, "Rodeo" évite l’expérimentation qui domine le reste de l’EP en faveur d’un rechapage direct, avec la même cadence charismatique que Lil Nas X utilise sur "Old Town Road". Dans "Panini", Nas X réinvente un classique (In Bloom de NIRVANA) dans un nouveau contexte. Mais aucune piste ne laisse la même impression durable que "Old Town Road".
Même si Lil Nas X suscite assez de bonne volonté parmi ses fans pour propulser cet EP à des hauteurs comparables à court terme, on perd l'essence du fameux "titre raz-de-marée".

Aucune de ces chansons n’offre suffisamment de substance pour vous mordre à fond.
On reste donc sur notre faim et on se demande si Lil Nas X ne vient-il pas de nous montrer ses limites artistiques.
À suivre...

6/10