A Africanasia 19:10
B Africanasia 17:27


Arthur Jones - alto
Kenneth Terroade - flute
Roscoe Mitchell - flute
Joseph Jarman - flute
Clifford Thornton - conga drums
Malachi Favors - log drums
Earl Freeman - gong, bells, percussion
Claude Delcloo – drums


Claude Delcloo a pris une place centrale dans l’écurie Byg, c’est un interlocuteur privilégié des musiciens, d’autant qu’il joue lui-même de la batterie. Bien sûr, son nom ne fait pas rêver à l’image d’un Sunny Murray ou d’un Ed Blackwell, mais tout de même c’est un bon musicien, au gré des sessions il accompagnera Burton Greene et Jacques Coursil.


En compagnie du guitariste Joseph Déjean il va créer le groupe Full Moon Ensemble qui accompagnera Archie Shepp sur deux albums de la série. En 1970 avec ce groupe il va signer un album assez mythique « Crowded with loneliness » chez CBS, très rare mais heureusement réédité. Sans doute a-t-il préféré signer avec une major car, il faut bien le dire, chez BYG les intérêts des musiciens n’ont guère été préservés… A l’époque, et sur l’enregistrement qui en témoigne, le groupe free soutient la voix de Sarah qui dicte des poèmes avec un style très incantatoire, ce qui éloignera les critiques du groupe, mais le public, lui, a répondu présent.


La critique justement ne sera pas tendre avec Delcloo sur cet album, de façon assez injuste me semble t-il, car l’écoute en est agréable, elle ne bouleverse pas mais offre de bons moments, on remet l’album sur la platine avec plaisir: si la musique ne sait pas vous prendre elle accompagnera volontiers vos rêves et vos vagabondages.


Sur les notes de pochettes Delcloo explique lui-même son projet : « … J’ai ordonné cette composition de façon à lui conférer une couleur asiatique (mélodiquement) et Africaine (rythmiquement). Basée sur un leitmotiv très simple, revenant régulièrement au cours des improvisations, dans le but de servir de tremplin aux solistes, Africanasia prend un caractère obsessionnel très prononcée.»


Arthur Jones à l’alto assure parfaitement bien son rôle de soliste, dans une certaine tradition, sans s’éloigner des préceptes d’un Eric Dolphy par exemple, mais derrière son jeu la tension couve de façon latente. Trois flûtistes sur le canal gauche (face une) puis sur le canal droit (face B) interviennent presque en continuité sur l’album, il est difficile de différencier les musiciens tant les sons des flûtes s’entremêlent à la façon des serpents qui, sous l’effet d’une attraction irrésistible, s’enlacent en désordre extravagant lors d’une bacchanale…


Trois percussionnistes (de choix) suppléent Claude Delcloo avec brillance, dessinant les contours d’une Afrique originelle, pure, fille du soleil, de l’air et du vent. On remarquera la présence de Clifford Thornton qui a abandonné son cuivre pour se mettre aux congas, c’est l’école de Sun Ra, à laquelle il a été formé, qui enseigne à tous les musiciens qu’ils sont aussi également des percussionnistes.


N’en déplaise aux critiques de l’époque, un album avec lequel il est difficile de se fâcher.

Créée

le 8 mars 2017

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xeres

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