And Close as this est du Hammill confidentiel, du grand Hammill qui s'ouvre sur un titre digne de Over. Une histoire d'amour qui a volé son passé et Hammill essaie d'échapper à la chute. Too many of my Yesterdays est sublime et le piano harcèle les accords et on se prend à rêver à nos histoires d'amour, de celles qu'on revoit mais hélas tout a changé.... Nous sommes perdus dans le passé...


Mais voici Faith (l'espoir) et Hammill constate qu'il est chanceux d'être en vie et d'être avec elle....les deux titres s'enchaînent parfaitement au niveau textuel. Le piano flotte et Hammill utilise les talents de Paul Ridout pour le MIDI. Le piano devient multiple...Très joli...


Empire of Delight propose une musique de Keith Emerson sur un texte de Peter. C'est un morceau qui nous laisse clouer dans les nuages de la mémoire, si proche du désir...et il contient le titre de l'album dans ce texte d'amour où l'empire des sens brûlent ...Les amoureux sont dans l'empire des délices...On ne sait trop si cela passe maintenant ou est-ce déjà envolé? Non il y a des années mais le temps, cette obsession de Peter, se fait présence et la voix angélique surgit, s'envole et flotte bien longtemps après s'être éteinte...comme une caresse qui n'en finit plus. Jouissif...


Silver s'ouvre sur le son d'un clavier trafiqué ou est-ce un orgue traité ? Le chant est plus brut c'est Méphistophélès qui appelle...La relation avec l'argent est ici décrite de manière magistrale, mais cela s'ouvre aussi dans une mise en abime sur l'amitié. Hammill devient plus puissant, le murmure et le flottement sont envolés...et le piano suit sa rage...dans une montée digne des années 70. La voix se fait cri, comme l'argent qui sort les yeux de leurs globules... Monnaie frappée au cœur..


Beside the One you love est une accalmie et parle de ce moment si précieux où les peaux se touchent et où il est si bon de s'endormir à côté de la personne qu'on aime. Un jour ce moment reviendra dans la mémoire... Tout en douceur, fulgurant miroir de ce moment magique! Hammill touche les étoiles dans une simplicité magnifique comme seul lui peut le faire... La chanson aurait gagné à être écourtée de 10 secondes lors des répétitions avant la finale...


Puis un des plus beaux titres de l'album : Other Old Clichés. L'attaque du morceau est si belle...le piano et le phrasé de Hammill sont en parfaite symbiose. Ledit piano devient symphonique, si majestueux, si nourri ...On est loin des notes inutiles de certains pianistes prog. Hammill n'est pas un virtuose, mais oh combien il est habité! Cela vaut tous les tours de passe-passe! What do you want.... ? le morceau procure un immense frisson et on se dit que ce diable d'homme, cet ange chétif, nous a été envoyé pour saisir toute la douleur du monde en quelques notes et quelques paroles, tellement humain qu'on s'ouvrirait les veines... Mais cessons ces vieux clichés...Other Old clichés est un monument c'est bien connu par les fans!


Confidence est le morceau le plus faible de l'album. Quand je dis faible c'est aussi qu'il souffre de venir après OOC. Mais c'est aussi parce que c'est le seul où on regrette qu'un Jaxon voire un Graham Smith jumelé à un Potter ne soient pas là. Car ne nous y trompons pas le squelette de la chanson est fort mais celle-ci aurait gagné en puissance avec des musiciens et elle aurait pu prendre totalement son envol. D'ailleurs Hammill superpose ici les claviers et même les voix. Seul morceau qui obtient ce traitement sur tout l'album. La voix se promène dans des sphères hautes jusqu'à l'écho et la rudesse. Il tape même à l'intérieur du piano ! Hammill réussit à lui seul une texture très intéressante mais un traitement à la In Camera aurait été magistral.


L'album clôt sur une berceuse que Hammill chante à sa fille. Touchant de vérité, Hammill y découvre le sens du mot amour. Un morceau unique dans la carrière de celui-ci.


And close as this est un album sur la mémoire et l'amour principalement, Il faut le voir comme une ouverture béante dans l'intimité du temps de la vie, si précieux. Ses tempêtes nous frappent avec une économie de moyens remarquable. Et l'amour d'un enfant est la seule chose qui permet la découverte finalement de soi-même et qui fixe dans le présent.


Hammill nous donne grands ouverts son âme et son cœur et pond encore une fois, un chef d'œuvre unique, comme peu d'artistes l'on fait, et ce, avec seulement deux mains traversant un clavier.

RockNadir
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le 16 mai 2021

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