Confortablement installés dans une certaine routine après 3 albums qui leur ont permis de gagner l’enseigne « groupe à suivre », Killswitch Engage est fermement décidé à ne surtout pas laisser retomber le soufflé. Entre temps, ils avaient balancé un premier témoignage live de bonne facture mais un peu maigre vu la jeunesse du groupe. Donc voilà, 2 ans après le dernier studio, on balance déjà du neuf. Et vous l’aviez surement vu venir comme des gros sabots, c’est en dessous de ce qu’on aurait pu espérer …

Pourquoi ? Parce qu’As Daylight Dies a un arrière-goût de The End of Heartache + Alive or just Breathing. On garde l’approche du disque précédent, en ajoutant un peu de la violence des débuts et le tour est joué. Après tout pourquoi lâcher une formule qui fonctionne aussi bien ? Le problème est ailleurs. En 2006, la scène que nos chers Américains ont contribué à créer est déjà en début de saturation. Entre les pionniers comme eux (Shadows Fall, Chimaira, Unearth, Lamb of God) qui trimballent pourtant déjà un sacré héritage et les plus jeunes qui tentent de se démarquer comme ils peuvent (Trivium, As I Lay Dying et autres Avenged Sevenfold) la concurrence est beaucoup plus rude. Evidemment, tout le monde veut sa part du gâteau, tout le monde veut faire du metalcore parce que c’est ça qui marche.

Pas de prise de risque, « On va faire ce qu’on sait faire » ont-ils décidés. Et quoi que l’on pense de Killswitch Engage, ils maîtrisent leur sujet. La mélodie qui tue a longtemps été leur carte maîtresse. C’est toujours vrai, les refrains sont toujours imparables (“My Curse”, “For You”) et la petite nouveauté, c’est qu’Howard partage désormais beaucoup plus le micro avec le lead-guitariste Adam. Un peu à la manière de System Of A Down sur Mezmerize, même si leur style diffère, l’un vient régulièrement compléter les lignes vocales de l’autre (“This is Absolution”, “The Arms of Sorrow”, “Reject Yourself”). Les mélodies qui tuent sont aussi celles des lead guitar (“Break the Silence”, “Still beats your Name”) toujours au rendez-vous, de même que les quelques secondes d’accalmies qu’on croirait sorti de chez Coldplay au milieu de la tempête.

Et pourtant la sauce prend difficilement car la formule est maintenant connue et abusivement exploitée par 3/4 du milieu metal. Petit ovni touchant au doom et à l’ambiant, “Desperate Times” vient quand même apporter un vent de fraîcheur dans le tas. Dommage qu’il reste un cas isolé (Adam Dutkiewicz reviendra cependant sur ce type d’expérimentations des années plus tard mais pour un autre groupe). Peut-on vraiment leur reprocher de se cantonner à l’art qu’ils connaissent le mieux ? Non, mais les conséquences sont là, d’un statut de « groupe à suivre parce qu’ils ont de bonnes idées » ils sont passés à celui de « groupe à formule qui ne fait plus de grands efforts ». Et quand ladite formule est aussi devenue celle de milliers d’autres … Un dernier détail, cette fois extérieur à la musique, mais qui ne penche franchement pas en leur faveur : la pochette est vraiment hideuse.

C’est toujours emmerdant d’arriver après la bataille. Si As Daylight Dies n’était pas sorti après The End of Heartache (et après les albums respectifs de quelques clones que je ne nommerais pas), il aurait amplement mérité une place d’honneur. Malheureusement pour eux, le temps n’arrangera pas les choses puisque ceux qui ont continué de les suivre savent qu’ils ont poursuivi ce même filon dont il n’y avait plus rien à tirer…
JoroAndrianasol
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le 29 août 2013

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