Audio, Video, Disco.
6.4
Audio, Video, Disco.

Album de Justice (2011)

À sa sortie en 2011, "Audio Video Disco" fait l'effet d'un pétard mouillé. Alors que le mouvement "turbine" (cette vague de productions électroniques ultra saturées de la fin des 2000's) est en déclin, les fans du monde entier ont les yeux rivés vers la croix christique, dans l'espoir d'un nouveau coup d'éclat. De leur côté, Xavier et Gaspard font face à un dilemme : faut-il refaire "Cross" ou s'en affranchir ? Car ils le savent, il sera difficile pour eux de vaincre ce monstre sacré qui les a dépassés. Partisans du "less is more" ils renouent finalement avec leurs premiers amours et décident de chasser en terres rock'n'roll.


Malheureusement, Audio Video Disco révèle les limites de Justice. Peut-on jouer du rock progressif sans virtuosité ? Composer de la pop sans mélodie accrocheuse ? Ou du rock de stade sans énergie ?
L'auditeur s'en rendra vite compte ici : une fois débarrassée de ses artifices de production, la musique de Justice se retrouve frêle et fragile, ne reposant plus que sur un songwriting maladroit.
Bien qu'il s'interdise tout sampling, le duo ne peut s'empêcher de coller d'un peu trop près à ses références, entre l'hommage et la parodie gênante. Dans le désordre : Led Zeppelin pour "On'n'on", David Crosby pour "Ohio", les Eagles pour "Presence", Jean Michel Jarre et The Fucking Champs pour "Brianvision"...


Rétrospectivement, je me dis que le duo aurait du s'inspirer d'Innerspeaker de Tame Impala pour gonfler son nouveau son rock. Ou s'entourer de musiciens pour relever le niveau des solos de guitares et muscler le jeu des batteries. Par comparaison, Daft Punk aura mieux réussi son revival 70's deux ans plus tard en acceptant de s'ouvrir à des Omar Hakim, des Nile Rodgers ou des Paul Jackson Jr, à la technicité irréprochable.


Quelques bonnes idées réussissent cependant à sauver l'album du naufrage. Le riff et le refrain de New Lands brillent par leur efficacité tandis qu'Helix (que le duo n'avait pas prévu de garder initialement) transpire le groove. Côté composition, certains accords nous ramènent au new age et à la chanson française des années 70.


Pourtant, ce disque ne sera pas resté dans les mémoires et Justice aura perdu une partie de ses fans en chemin.
Des années après sa sortie, je me demande même s'il ne s'agissait pas d'un suicide (inconscient ?) pour faire redescendre la pression et tuer les attentes. Comme pour crier à la face du monde "arrêtez de nous surestimer, nous ne sommes pas les génies que vous croyez."

TheDeerhunter
6
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le 14 févr. 2020

Critique lue 81 fois

TheDeerhunter

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