Le déchirement imaginatif du génie d'un homme

Dans le blues électrique, il n'y a pas quarante pointures : on compte surtout le défunt Stevie Ray Vaughan ( qui l'avait complètement réanimé ), et l'homme dont nous allons parler aujourd'hui, Rory Gallagher, sorte de légende de la guitare, guitar hero du siècle dernier. J'aurai également pu citer le très bon Eric Clapton, mais sachant que ce dernier ne joue pas du tout dans la même cour ( il n'est pas un virtuose, ses notes manquant parfois de fluidité, d'un poil de feeling et de rapidité; même si ce qu'il joue est très beau ).


Joe Bonamassa est à citer lui aussi, mais sachant qu'il n'appartient pas à la même époque, je n'en vois guère l'intérêt. Préservons le pour une prochaine fois. Ainsi, j'écoute, en ce moment même, le BBC Sessions live de Rory Gallagher, sorte de live absolu d'un guitariste hors du commun. Et ce qui marque dès le début, dès la première note de la première chanson jouée, c'est la sensibilité même de son jeu, et de ses morceaux.


Gallagher nous livre de véritables oeuvres, et d'authentiques chef-d'oeuvres. L'on pourra ne pas apprécier son travail, mas il faudra tout de même lui reconnaître une virtuosité que peu partagent. De plus, les morceaux, longs et intenses, démontrent une profonde maîtrise de l'instrument; les solos dont il nous gratifie sont d'une étonnante modernité, d'une intemporalité sidérante. C'est incroyable que d'entendre pareil déchirement musical, d'autant plus que, dans le contexte de l'époque, le genre était naissant.


La page était neuve, et ce furent des hommes tels que lui qui vinrent la remplir de morceaux phares, et de notes inimaginables. Il suffit d'écouter ce live ci pour comprendre que l'homme défie la guitare de le suivre dans ses délires géniaux, et qu'il a pour but d'exprimer toute la souffrance de son être par l'intermédiaire de sa musique, comme le faisait si bien Jimmy Hendrix, être terriblement torturé.


C'est en même temps l'essence même du blues que de nous livrer de la musique désespérée et attristante, son but se démontrant dans la signification même de son nom ( avoir le "blues" ). L'on reviendra sur Hendrix et le précédemment cité Stevie Ray Vaughan, je vous le garantis. J'aimerai juste dire que jamais n'ai-je entendu de meilleurs guitaristes ( dans leur style, je tiens à le préciser ) que ces deux hommes ci, et ce même si Ray Vaughan a conduit à une incroyable succession de "sous-Stevie" dès lors qu'il perdit la vie.


Pour en revenir à l'album en question, je dois avouer que le travail musical fait autour des titres est extrêmement appréciable : c'est du blues, certes, mais c'est extrêmement abouti. Et pas qu'au sujet de la guitare, je tiens à le préciser. Tous les instruments qui accompagnent les morceaux, et forment de si belles mélodies qu'elles paraissent d'un autre monde, jouissent d'un travail particulier fourni à leur encontre.


Le résultat est donc incroyable, et d'une incommensurable beauté. C'est le premier album entier que j'écoute de l'artiste, ayant auparavant préféré écouter quelques morceaux épars de sa composition, sans jamais n'y trouver de sens : je les choisissais au hasard, qu'ils soient joué en studio ou sur scène. Et alors, j'ai une étrange certitude : ce n'est pas le dernier album de Gallagher dont nous parlerons ensemble ...

FloBerne
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le 31 oct. 2015

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