Surprise : sur Biosonic, ça stridule, ça warpe, ça craquette, ça pulse, ça breake et ça croustille (un peu comme chez Warp Records, justement) avec des éléments de noisy industriel inattendus sous ces latitudes; le projet est né d’une correspondance entre Robert et Steve au cours des ans, sous forme d’échanges de fichiers sons, avec des sessions téléphoniques régulières et des e-mails décrivant la vision et les pièces qui finiraient par donner corps à l’étonnant album, sombre mais extatique, finalisé lors des vacances d’été longtemps fantasmées du petit Robert dans le Timeroom Studio de son tonton Steve, oncle incarné de la modernité futuristique de la phrase qui ne veut rien dire (celle-ci en est un bon exemple) pour un résultat à mon avis dix fois meilleur que toutes les bouineries limbiques funèbro-constipées produites avec Vidna Obmana au début des années 2000. Le traditionnel bestiaire sonore d'insectes parasites hantant des jungles numériques ne s’accompagne pas, pour une fois, de râles chamaniques, et Byron Metcalf n’a pas été convié pour battre le rappel des troupes avec son petit tambourin un rien relou; la dimension chamanique de la transe n’est pas convoquée. On est plutôt dans les songes obscurs et tourmentés de racks de serveurs informatiques enterrés dans les infinis sous-sols de la basse-Californie et refroidis par des centrales nucléaires bioélectriques. Mais le labyrinthe est bourré de trouvailles biomécaniques.
Il y a des titres explicites «The Biomechanoid Lifecycle Revealed» qui évoque bien l’existence des termites numériques sans pour autant s’accompagner d’un tuto youtube donnant la solution pour vermifuger sa baraque une fois qu’on les a laissées s’installer dans le buffet de tante Henriette parce qu'on les trouvait trop mignons.