Bloodsports
6.7
Bloodsports

Album de Suede (2013)

Je commence à me demander à quoi servent toutes ces reformations. Même les plus improbables ont eu lieu (les Stone Roses, Alice in Chains… A quand le retour de The Sound ?), alors si Suede revient, qu’en pensera-t-on ?


Rien, ou alors pas grand-chose.


Le gang de Brett Anderson avait su traverser une décennie en se réinventant à chaque fois et toujours avec succès. Leur entrée dans les années 2000 fut la première fois où leur son n’opérait pas de changement significatif et surtout, c’était la première fois où ils nous offraient un opus peu brillant. A New Morning fut un bide commercial et critique, signant le glas d’une des plus glorieuses formations du rock Anglais.


Qu’il y ait eu un traumatisme ou non, il semble bien avoir été refoulé avec la sortie de ce Bloodsports. Tout l’ancien line up est réuni, seul Bernard Butler répond absent car toujours remplacé par Richard Oakes.


Pourquoi ce revirement après toutes ces années ? Pourquoi revenir si soudainement à un moment si peu opportun ? Brett Anderson n’était pas tendre en interview quand il évoquait les reformations de ces compatriotes comme celle de Blur et avouait par la même occasion les raisons du ratage de leur dernier album : la passion avait foutu le camp. Les musiciens ne jouaient plus avec leurs tripes mais venaient surtout en studio pour pointer. Brett affirmera que si un nouvel album sortait, cela ne se ferait que si le résultat est satisfaisant. Plus tard, il annoncera que Bloodsports sera un mélange entre Dog Man Star et Coming Up.


Dommage qu’Anderson et les siens renient toujours Head Music et qu’ils se contentent de faire un retour aux sources, mais ils ont le mérite de ne pas être des menteurs.


Bloodsports pourrait effectivement être un disque de transition entre les deux albums précités et souffre justement de ce statut. Sympathique, méritant et agrémenté de moments très fort (« Hit Me », « Barriers »…) mais aussi anecdotique dans une discographie disposant de plus d’un disque pouvant l’éclipser. Et cela, même quand Suede se montre très inspiré (les chœurs de « What Are You Not Telling Me? ») ou quand ils enrobent leur album d’un concept dont le sujet est une relation amoureuse de ses débuts à sa fin.


Prenons-le pour ce qu’il est, un album honnête pas parfait car alourdi de quelques titres faciles (fatigant « Snowblind »). Mais ce qui est bon dessus vaut la peine de s’y intéresser, rien que pour la guitare de Richard Oakes, toujours aussi acide (cette intro splendide sur « Sabotage »). Pour ce qui est de Brett Anderson, ah Brett Anderson… D’accord, il en fait parfois des caisses mais quand il chante sur une composition digne de sa voix et qu’il évite d’être poussif, ça donne « Barriers ». Introduction solennel au clavier, riff d’Oakes annonçant le début d’une tempête et Brett commençant son monologue avec son ton désespéré irrésistible… Jusqu’à cet emballement de batterie et ce refrain explosif capable de faire chavirer un porte avion nucléaire.


Réussir à pondre un titre aussi émotionnellement fort après tant d’années, cela n’est pas donné à tout le monde. Et s’il y a d’autres bonnes chansons ici, c’est bien celle-ci qui me fait dire que cette reformation n’était pas inutile.


Chronique consultable sur Forces Parallèles.

Seijitsu
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le 18 sept. 2015

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Seijitsu

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