Voici le fameux album fantôme de la série Byg Actuel, ce numéro dix figure bien dans le projet, comme l’attestent les publicités d'époque, mais son édition ne verra jamais le jour, à sa place il restera un grand vide et quelques points d’interrogation. Pourtant l’album sortira bien en 1970 en deux versions, l’une française chez BYG et l’autre allemande sur le label « Métronome ». Je ne connais pas la raison exacte de cette décision, mais je propose une hypothèse qui restera au rang des suppositions, sans le témoignage des décideurs. Puisqu’il faut trouver une justification à cette mise au ban de la série Actuelle, je la pense stylistique et artistique. En effet, tous les albums de la série sont voués aux musiques nouvelles, créatives, se tournant vers l’avenir ou la recherche, quelque soit le style abordé, jazz, rock ou musique contemporaine… Or l’album d’Alan Jack Civilization ne correspond à aucun de ces critères : c’est du pur blues-rock, honorable certes, mais dans la lignée de ce qui se faisait, peut-être mieux, outre-manche par exemple.


Alan Jack, de son véritable nom Jacques Braud, est le leader et l’organiste du groupe, il a composé également une grande partie des titres de l’album. Le musicien sans doute le plus remarquable ici c’est le guitariste, Claude Olmos, il jouera, plus tard dans les groupes Alice, Cœur Magique et Magma où il tiendra la guitare de façon remarquable sur l’album emblématique du groupe : Mekanïk Destruktïw Kommandöh. La section rythmique assure convenablement, remplissant son contrat avec une honnête efficacité. Le problème provient plutôt du mixage, les voix sont sans doute un peu trop en avant, dans la tradition de la variété française, côté chant, personne dans le groupe ne peut rivaliser, pour rester dans le style, avec un Joël Daydé , sur son album « j’aime », par exemple (qui sortira l’année suivante).


Les compositions sont assez intéressantes, bien sûr on n’atteint pas le niveau d’un Clapton ou d’un John Mayall, mais on remarquera quelques pointes d’originalité, plus particulièrement sur les compos d’Alan Jack, « What you’re gonna say », « Baby don’t you come back home » le meilleur titre de l’album, « The way to the hells » qui fait penser aux compositions de Cream et « Middle earth » qui clôt l’album. Le paresseux « What’s wrong » s’inscrit dans la tradition des blues lents, il fait figure de clin d’œil sympathique propre au genre, on sent le potentiel d’un tel titre sur scène !


En définitive cet album, l’unique LP du groupe, est devenu, du fait de sa relative rareté, un collector assez recherché. Malgré quelques défauts, pas tous imputables au groupe, l’album ne manque pas d’atouts, fier de son étiquette « blues-rock », il brille par sa présence au milieu du désert hexagonal, et c’est là sa grande force.

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le 1 janv. 2017

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