Je voudrais du soleil vert moi aussi !

On dit partout et depuis longtemps, la faute aux yéyés et aux années 1980, que la chanson française se meurt lentement, emportant dans sa tombe la francophonie. On dit aussi que la bossa nova et le jazz c'est mou, chiant, péteux, vieux jeu voire prétentieux. Et bien non ! Il existe des ilots de réussite musicale, ensoleillés et chauds dans la france du début du XXI° siècle.

La pochette d'abord. Puis le titre. Et simplement le nom de l'artiste. On a ici un album nouveau, jeune, clair comme la lumière douce du soleil de la fin d'après midi sur cette terrasse en été. Une musique douce et colorée. Chacun pourra se retrouver dans cette couverture : une ambiance qui promet d'être estivale, chaude et même torride, un vieux monsieur au panama, mocassins et pantalon blanc et chemise à fleur bleues, au rire franc et aigu, on imagine un bord de mer, n'importe où ou partout.

Ce vieux monsieur est bel et bien vieux et repose maintenant sous un beau tombeau blanc et turquoise, toujours. Il est vieux dans sa musique aussi. Un tempo des plus lents, une voix grave, un souffle : un crooner mélancolique mais jamais triste qui présente son idée de la fin, du repos du plaisir dans la retraite. Il n'est pas là pour brusquer, pour inquiéter et semble plutôt susurrer "On est bien, hein ? Kiffe un peu, laisse aller ...". On se rappelle que Salvador, c'est bien.

Mais c'est mieux quand il est pas tout seul ! Avec d'autres vieux (Françoise Hardy) ou de ces jeunes qui portent à bout de bras cet univers musical "condamné" qu'est la chanson française (Benjamin Biolay, Thomas Dutronc), le maître s'amuse pour rafraîchir ce genre trop peu entendu et laissé dans son Amérique latine natale qu'est la bossa. Chaque chanson transporte sur une plage de la Côte d'Azur, de la Costa Brava, des bords de mers d'Algérie, d'Argentine ou du Brésil. On a qu'une envie : un fauteuil à bascule en jonc, un chapeau, un cigarillo, un tourne disque des années 20, un café sur une terrasse, "et la mer ..."
De toute façon, la poésie du vieux doit au moins faire sourire et rêver tout le monde.

En tout cas, à ne pas éviter quand on entend le nom de Salvador, quand on veut oublier le quotidien ou prévoir de partir en vacances en été. A bon entendeur ...
Dariuch
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le 9 déc. 2012

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Darius Calcine

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