Death After Death
8.3
Death After Death

Album de Insanity (1994)

Formé dans la Bay Area de San Francisco en 1985, Insanity fait indéniablement partie des formations thrash ayant fait évolué le style vers des horizons plus extrêmes : le death metal en l’occurrence. Leur démo Live Reheasal sortie en K7 la même année, contenait trois morceaux enregistrés avec un baladeur et un micro dans un garage, donc avec un son complètement pourri. Mais ces morceaux étaient d’une sauvagerie inédite à l’époque : rien que les vociférations démentielles de Joe DeZuniga valent le détour ; et puis il y a ce batteur hyper véloce, Bud Mills, dont la frappe laissait déjà entrevoir l’évolution vers le fameux blast beat. Les autres musiciens ne sont pas en reste, avec un niveau technique particulièrement élevé.
Avec cette modeste K7, Insanity fut rapidement connu des tape traders les plus actifs, notamment les (futurs) membres de Napalm Death et Carcass, qui citent haut et fort cette démo dans leurs influences principales. Napalm Death a d’ailleurs repris le premier titre de cette démo sur le second Leaders Not Followers.
Insanity a fait son premier concert en octobre 1985 en ouvrant pour le tout récent Death (anciennement Mantas) dans une salle de la Bay Area. La gloire semblait assurée et Insanity aurait dû avoir une place aux côtés des Death, Possessed et autres Morbid Angel, dont les sorties respectives de l’époque n'étaient pas tellement plus abouties que cette démo au niveau technique, rapidité ou extrémisme musical.


Mais c’est là qu’une suite d’événements fâcheux eut raison du groupe pour la première fois.
Déjà l’incarcération de Bud Mills pendant dix mois. Puis le décès prématuré de Joe DeZuniga suite à un infarctus du myocarde en 1987. Ironie du sort, Nuclear Blast venait de leur proposer un contrat.
Pendant deux ans, c’est la galère pour reformer le groupe avec un line-up solide.
Un premier album, Death After Death, est finalement enregistré et sort tardivement en 1994 sur la petite structure allemande MBR, contenant essentiellement des morceaux écrits dans les années 80.
De nouveaux problèmes au sein du groupe mènent à une nouvelle séparation la même année.
Après s’être encore une fois réunis en 1997, ils retravaillent sur l’album et réenregistrent des pistes de guitare ainsi que le chant (c’est apparemment Dave Gorsuch qui s’en est chargé). C’est cette dernière version qui figure sur la compilation From The Grave (2005), qu’on trouve désormais plus facilement que l’album original.


Death After Death est complètement dans la lignée des premières démos du groupe, puisqu’il s’agit des mêmes compos : un death/thrash ultra rapide, agressif et technique, débordant d’énergie et contenant déjà ce parfum extrême délectable. On n’a pas tout à fait la noirceur d’un Seven Churches ou la brutalité d’un Scream Bloody Gore, dont les morceaux avaient été écrits à peu près à la même époque, mais la vitesse d'exécution est bluffante et on sent l’influence qu’Insanity a pu exercer sur le death metal naissant à l’époque.
Si la production rend enfin justice à ces morceaux d’anthologie, l’album est déjà daté lors de sa sortie puisque le style death metal est bien implanté et les années dorées sont déjà passées. Sans compter la faible promotion qu’un label tel que MBR peut apporter, dont c’était le seul album longue durée hormis celui de God Macabre ; la structure a d’ailleurs fermé peu de temps après. L'accueil de cet album est donc très mitigé en cette année 1994.
Et pourtant, il est absolument terrible et balance la purée à coup de riffs de tueur à tout bout de champ et de solos ciselés. On ne peut qu’admirer la précision des musiciens et leur dextérité. Et on ne sent absolument pas la longueur de morceaux tels que Possession et Rotting Decay, passionnants de bout en bout.


Death After Death a sa place parmi les classiques du death/thrash US. L’influence d’Insanity ne fait aucun doute et a depuis longtemps été reconnue par ses pairs.


Retrouvez cette chronique sur le site auxportesdumetal.com

Man_Gaut
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 8 janv. 2016

Critique lue 65 fois

2 j'aime

Man Gaut

Écrit par

Critique lue 65 fois

2

Du même critique

Stare Into Death and Be Still
Man_Gaut
9

"Drawn Into The Next Void"

Ayant négligé lâchement leur album de 2016, sans doute par paresse intellectuelle, j'étais pour autant resté sur une excellente impression d'Ulcerate avec le duo incontournable Destroyers Of...

le 1 mai 2020

11 j'aime

3

Exuvia
Man_Gaut
9

"Towards Malkia"

Depuis la sortie de Blood Vaults, j'ai eu l'occasion de voir le groupe d'Alexander von Meilenwald en concert et The Ruins Of Beverast (TROB) s'avère particulièrement brillant dans l'exercice, les...

le 22 oct. 2017

9 j'aime

5

Cursus Impasse: The Pendlomic Vows
Man_Gaut
9

"The Apocryphalic Wick"

Ces gros tarés de Howls Of Ebb ont encore pondu une aberration musicale cette année… pour notre plus grand plaisir. C’est un groupe que je suis ravi d’avoir découvert avec sa première sortie, déjà...

le 24 juin 2016

9 j'aime

2