Dévisager Dieu
6.3
Dévisager Dieu

Album de AqME (2014)

Album respirant l'urgence et la nécessité, Dévisager Dieu est une volonté de nouvelle page pour AqME, l'envie de démarrer quelque chose de neuf après le départ de Thomas Thirrion. Si le groupe avait dû sortir un EP (Les Sentiers de l'Aube) dans l'urgence du départ de Thomas et de l'arrivée de Vincent Peignart-Mancini. Pourtant c'est bien deux ans qui séparent l'EP et Dévisager Dieu.
Pour autant, jamais le groupe n'a nié l'urgence de Dévisager Dieu, cette volonté de présenter un AqME nouveau, rénové. En effet, plus de violence, une voix plus accessible, moins « pop », peut être moins tragique également, mais plus féroce, plus compréhensible pour les habitués du Metal. AqME regagne en violence dans un sens mais semble perd l'écho poétique absolu d'Epithète, Dominion, Epitaphe.
Mais n'allez pas pensée que je considère Vincent comme n'ayant pas sa place. Au contraire je suis impressionné de son aisance, de la facilité avec laquelle AqME se réinvente sans jamais se mentir à soi-même. J'avoue volontiers que la voix de Vincent me convient plus que celle de Thomas, mais pour autant je note aussi que derrière les débuts un peu jeune, Thomas avait une voix qui offrait un univers particulier, très fort et personnelle.
Dans un sens il y avait un vrai risque à perdre une âme avec ce changement de chant, même avec tout le talent de Vincent. Et plus que la voix, c'est bien le cœur des membres qui permet à AqME de perdurer.


Dévisager Dieu, disque de l'urgence a pourtant une force réelle, indéniable malgré quelques défauts. Déjà on remarquera que le disque est assez court : seulement 9 titres. On regrettera également l'extrême violence, laissant peu de respiration (on notera que même le groupe s'en est rendu compte). On appréciera cependant la sincérité, la subtilité des paroles, la puissance, l'énergie et la qualité des compositions qui, certes, perdent la complexité du dernier album mais gagnent via cette accessibilité un retour aux sources d'AqME, retour au source avec un nouveau visage qu'on ne peut pas nier.


Il faut dire que Avant le Jour ouvre magnifiquement bien l'album, avec une introduction qui nous prend sans pitié. On remarquera tout de suite la force des guitares mais surtout la puissance de la batterie qui immédiatement captive l'auditeur d'Etienne Sarthou, pour mieux être porté par la voix sublime qui alterne entre violence du couplet et lyrisme du refrain. Le tout pour un titre entêtant et magique sur la beauté de la relation fraternelle.
Enfants de Dieu commence aussi directement, plus vif cependant avec une thématique de perte et de divinité bien réalisée. Là encore la puissance des paroles est parfaite et là encore la guitare garde une réelle subtilité derrière sa fausse évidence. Avec un pont plus calme, nous pouvons aussi voir des subtilités plus fortes pour Vincent.
Enfin Au-delà de l'ombre rappelle la période Pornographie du groupe avec un certain groove metal, une rythmique particulièrement sexy mais avec une violence renouvelée. On enchaîne ainsi trois titres excellentes à ne jamais jeter !
Ce que nous sommes n'a pas la même force que ces précédents titres. On voit ici un peu la limitation d'un disque si violent qui donne un sentiment d'exagération. Même si le pont est un moment très agréable dans ce titre montrant de réelles possibilités.
Un Appel montre une autre facette de la nouvelle formation : le désir de longs récits. Si le titre est moins marquant et peut être moins agréable qu'un Avant le Jour, il est pourtant doté d'une belle poésie qui préfigure déjà l'album éponyme. Très beau avec de belles envolées qui montrent tout le potentiel de Vincent au chant.


La face B de l'album commence par Entre Louanges et Regrets, morceau évoquant notamment la cicatrisation de moments pénibles. Là encore on appréciera la nouvelle formule : chant lyrique clair très beau sur le refrain face à des couplets très agressifs le tout porté par une rythmique séduisante à la guitare et une batterie qui martèle. On notera que les couplets donnent cependant un sentiment too much là où les refrains sont assez évidents. On appréciera cependant que Charlotte Poiget ose une basse plus en avant sur quelques moments.
De même l'Homme et le Sablier souffre un peu de cette violence trop évidente alors que les moments doux et calmes offrent quelque chose de beaucoup plus agréable montrant une réelle poésie où là encore tout AqME communie. Mais une fois ce passage doux passé, le retour dans la violence se fait de belle façon, notamment par une progression soignée à la batterie. On voit qu'ici c'est bien la construction du morceau qui témoigne d'une vision encore un brin juvénile pour ce nouveau Aqme. Et puis ces guitares, merci à Julien Hekking !
Pour le Meilleur, le Pire suit avec là encore un titre un peu plus banal. Enfin l'album se termine par les Abysses, morceau avec là encore une batterie haut de gamme et un chant qui retrouve de l'énergie et un rythme particulièrement charmant. Une excellente fin pour un album de qualité (malgré sa brièveté et sa trop grande ressemblance interne) qui annonce un renouveau total chez AqME … Renouveau qui fut malheureusement trop court.

mavhoc
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le 12 mars 2019

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Remycrosoft_Gri
10

une très bonne reprise

un de mes albums favoris ces derniers temps. Une passation de bâton compliquée entre les deux chanteurs. Une nouvelle patte et toujours autant de puissance. c'est divin

le 27 oct. 2015

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