Dirty Diamonds
6.8
Dirty Diamonds

Album de Alice Cooper (2005)

Après le petit souffle frais et purement rock du précédent "The Eyes of Alice Cooper", la Sale Sorcière signe de nouveau avec enthousiasme pour ce "Dirty Diamonds" totalement dans le même esprit. Mais en mieux.
Encore une fois, le chanteur s'affiche au sein d'un vrai groupe, sur scène comme sur l'album, avec en prime la présence de la danseuse Calico Cooper, fille de, qui heureusement tient plus de sa mère que de son père. De ce côté là en tous cas la machine semble bien huilée. Cet album n'est pas de ceux qu'on considère comme une charnière dans une carrière aux multiples rebondissements, il poursuit plutôt la logique de son prédécesseur en laissant espérer le meilleur pour le suivant.
"Dirty Diamonds" est donc un album ouvertement orienté vers un rock fun, drôle et sans prétention.
Ca commence exactement comme ça devrait, "Woman of Mass Distraction" avec son intro hard rondement menée ouvre l'album et annonce la couleur. On a droit à un jeu de mots dans le titre et des paroles légères mais efficaces. On n'en demande pas plus surtout quand le groupe assure parfaitement son rôle.
"Perfect" poursuit sur le thème des femmes, ici de LA femme, celle qu'on admire, celle dont les courbes rendent dingue, celle qui attire tous les regards au "karaoke bar"... tant que les lumières tamisées et l'alcool font leur effet ! Car au matin c'est autre chose. L'humour grinçant est bien là, et c'est réjouissant. En ce qui concerne le morceau, c'est un rock pas trop heavy, avec des refrains pas forcément très inspirés au niveau de la mélodie, mais en aucun cas désagréables et plutôt tenaces quand ils s'inscrivent dans la tête.
On reste dans la même ambiance avec le très réussi "You Make me Wanna" qui renoue un peu avec le glam à grands renforts de "woo-ooh-ohh" et de guitares dégourdies. Encore une fois c'est le genre de morceau qui reste en tête très facilement et on peut même se prendre à rapprocher la composition et le chant acéré d'Alice Cooper de l'excellent "Under My Wheels" surtout vers la fin du morceau.
La chanson titre commence alors et là c'est la joie qui éclate ! L'intro façon film noir avec ses bois et ses cuivres laisse la place à un rythme échevelé rappelant à la fois les Queens of the Stone Age (sur "Go With the Flow"), les Buzzcocks (sur "Sound of a Gun") et la période bénie de "Billion Dollar Babies" rien que ça. Dans ces conditions, ce braquage peuplé d'incursions jazzy est un morceau finement ciselé (oh oh comme un diamant comme c'est habilement placé) et particulièrement efficace en concert (le chanteur lance par ailleurs des poignées de diamants (des faux hein les gars) dans le public lorsque ce morceau est joué sur scène ce qui ravive encore plus l'enthousiasme suscité).
Le rythme se ralentit drastiquement avec "The Saga of Jesse Jane", morceau country, et oui, dont la mélodie rappelle un peu celle de "Ballad of Dwight Fry" mais qui interpelle surtout par la voix du cnanteur. Cette fois, pas de vociférations, mais un pastiche de Johnny Cash étonnamment convaincant. Bon, comme on est chez Alice Cooper on s'imagine bien qu'il va y avoir quelque chose de caché dans cette country, et effectivement, ce très très joli morceau vous contera les mésaventures de ce pauvre Jesse, routier au volant de son 60 tonnes portant à merveille la robe de mariée de sa soeur et de sa confrontation violente avec les rednecks d'un McDo perdu du Midwest. Dit comme ça on ne dirait pas, mais il s'agit d'une des meilleures chansons de cette Sale Sorcière, toutes périodes confondues.
"Sunset Babies (All Got Rabbies)" emprunte des accents stoniens, comme Alice Cooper aime à le faire assez régulièrement sur un thème lui aussi très cher au chanteur. Ici de jeunes et séduisantes créatures hantent les rues en quête de chair et de sang frais. On pense à de jolies vampires, même si les mots employés font d'avantage penser à une meute de chiennes (enragées oui) mais il est bon de soupçonner ici le thème favori du chanteur : le sexe et ses désagréments. En gros, sortez couvert, ça vaut mieux on ne sait pas trop ce qu'on peut récupérer au passage.
L'album jongle entre les différentes périodes et influence du chanteur, c'est donc parfaitement cohérent qu'arrive ensuite la reprise fantômatique de "Pretty Ballerina" de The Left Banke. Alice Cooper est né de cette vague garage/psyché des années 60 et il est très probable que cette chanson ait fait partie du répertoire de The Nazz, ancêtre du groupe Alice Cooper qui jouait alors énormément de reprises du genre. Ici pas de grosses guitares ni de cris, on fait plutôt dans la dentelle et dans l'atmosphère étrange.
"Run Down the Devil", largement plus heavy aurait presque trouvé sa place sur "Brutal Planet" ou "Dragontown", on y suit un Alice Cooper traquant le diable lui-même pour lui montrer qui est le plus fort, alors qu'ensuite, "Steal That Car" et son rythme effréné rappelle la folle période "Special Forces". On y retrouve cet humour débridé et cette espèce d'hystérie qui animait les albums de cette période mais aussi les guitares plus heavy-metal de ceux qui virent le jour au milieu des années 80. En tout cas, un chouette morceau pour faire son jogging ou fuir la police en courant.
"Six Hours" fait retomber la joie avec un morceau languissant et bluesy avec un joli solo déchirant de rigueur. Est-ce qu'on parle ici de deux amants fatigués de se cacher, ou de quelque chose de plus sombre et déviant, "the dust from your hair now" c'est peut-être un indice. C'est de toutes façons un très joli morceau à l'ancienne, qui mérite un petit détour.
On retourne dans l'humour avec l'antithèse du "Man of the Year" de l'album précédent soit "Your Own Worst Enemy". "Your dog ate your cat and that was your good day", c'est dire. Le protagoniste de cette chanson est l'homme le plus maladroit et le plus malchanceux du monde, mais on peut y voir également une amusante façon de parler de l'autodestruction, encore un thème très cher à Alice Cooper. Pour ce qui est de l'inspiration musicale, il faut là encore aller chercher du côté du garage rock mais aussi chez les Who, période mod ce qui n'est pas le pire qui soit, loin de là.
"Zombie Dance" puise encore très visiblement chez les Stones, mais aussi encore une fois chez le Alice Cooper Band (autour de "Muscle of Love"). Ici les zombies sont de première eau, ceux suscités par le Vaudou, comme dans "Black Juju" il y a si longtemps. L'harmonica et le pont instrumental accompagnés d'un choeur féminin sont particulièrement bien sentis, l'hommage aux Rolling Stones est sincère et très réussi, il faut le dire.
En bonus, on trouve sur l'album le morceau "Stand" en duo avec le rappeur Xzibit, rien que cette phrase a de quoi hausser un sourcil ou tomber de sa chaise, en fonction du flegme dont on dispose. La chanson est finalement assez classique, sur le thème de la foi (en soi ou autre) et malgré la partie rappée de Xzibit ce n'est pas très spectaculaire. Rien de désagréable non plus et loin d'être aussi ridicule que ce qu'on aurait plus craindre. C'est un bonus, donc pas tout à fait inclus dans l'album et c'est donc un peu dommage de finir sur cette note un peu curieuse.


Pour résumer, "Dirty Diamonds" est un album où le chanteur puise abondamment dans les différents syles musicaux qui l'ont inspiré tout au long de sa carrière, du garage au rap donc. C'est loin d'être un album considéré comme majeur dans sa discographie, même s'il se vendra pourtant très bien, meilleure vente depuis "The Last Temptation". La bonne humeur, l'energie et la sincérité qui le parcourent en font pourtant un album très attachant et d'ailleurs un de mes préférés de ma chère Sorcière. Plus globalement, il prépare tout doucement le terrain pour un album plus ambitieux à venir 3 ans plus tard et génère avec sa chanson titre un nouveau classique incontournable en concert.

Créée

le 15 déc. 2014

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I-Reverend

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