Nostalgies

À 91 ans, Charles Aznavour est toujours en forme. Celui qui déclarait récemment qu'il mourrait s'il venait à s'arrêter de chanter, nous propose un nouvel album dont l'honnêteté pouvait susciter quelques interrogations. Tous les doutes sont levés.

L'écriture, toujours

On avait déjà pu être, quelques jours avant la sortie de l'album, enthousiasmé par la chanson phare de l'album, Avec un brin de nostalgie, que l'on avait pu entendre à de multiples reprises à la radio. Encore fallait il que le reste suive, et force est de constater que le grand Charles a réussi son pari. Malgré quelques chansons moyennes qui sont présentes pour meubler sur la fin de l'album, voire carrément ratées (You've got to learn), on est frappé par la qualité des mélodies et surtout des paroles (notamment dans le magnifique Chez Fanny). Aznavour a peaufiné chaque texte à la virgule près, et l'ensemble en ressort magnifié.

La cohérence avant toute chose

Il paraît en effet bien légitime de parler d'ensemble, car c'est ce qui ressort principalement de l'album : sa cohérence. Encores n'est pas, comme souvent dans la variété française, une succession de titres, mais une véritable création logique. Que ce soit dans Avec un brin de Nostalgie, Les Petits Pains au Chocolat, Et moi je reste là, ou d'autres, le liant prend à la perfection et les chansons s'enchaînent naturellement pendant une grande partie de l'album.

Entre classique et innovation, du grand Aznavour

Les thèmes, finalement, sont à mi-chemin entre ce qu'on attend d'Aznavour (l'amour, évidemment, occupe toujours une place très importante, comme dans Ma Vie sans Toi, T'aimer, ou Des Ténèbres à la Lumière), et des choses plus nouvelles. La nostalgie, nous l'avons dit, est la principale caractéristique de Encores. La vieillesse, et même la mort, sont également traitées, mais pas avec accablement. Bien sûr, la voix est un peu fatiguée par moments. Mais c'est là tout le génie d'Aznavour, ce qui en fait, à mon humble avis, le plus grand auteur-compositeur-interprète français de tous les temps : traiter la gravité légèrement, pour en sublimer toute la puissance. Merci l'Artiste.