Enregistré les 27, 28 et 29 octobre 1961 à l'Olympia, ce premier enregistrement public officiel de Jacques Brel verra le jour une année plus tard et propose un condensé de ses six premiers albums et surtout toutes les différentes facettes d'un chanteur capable d'être aussi drôle que bouleversant ou pertinent.


Le grand Jacques était un immense chanteur et ce tant en studio que sur scène, les témoignages ne manquent pas pour le montrer et cet Olympia 1961 ne fait que confirmer cette impression. S'il arrêta la scène en 1967 pour se consacrer au cinéma et théâtre, il montrait déjà qu'il était un "comédien sur scène", faisant preuve d'une énergie folle, avec une voix puissante et une assurance à toute épreuve. Il soigne l'orchestration et surtout, comme en studio, arrive à retranscrire toute la force et les sensations de ses chansons, quitte à nous foutre la chair de poule et à sublimer son propre répertoire.


La qualité sonore est extraordinaire, surtout pour un enregistrement de 1961 tandis que le passage entre chaque chanson est assez fluide, ce disque donnant l'impression d'être dans la salle et d'avoir le grand Jacques face à soi. Brel expérimentait souvent sur scène (à l'image d'Amsterdam quelques années plus tard qui n'existe pas en studio) et ici il propose six chansons qui ne sortiront que sur l'album Les Bourgeois en 1962. Sinon, aucune fausse note n'est à détecter, bien au contraire tant cet enregistrement s'écoute d'un trait et sans interruption, Brel sachant nous faire passer par différentes émotions, tout en proposant de nombreux classiques de sa première partie de carrière, dont pas mal qui font partie de mes favorites du poète flamand.


Les pics d'émotion sont notamment atteints avec des magistrales versions de Ne Me Quitte pas, Les Prénoms de Paris, Quand on n'a que l'amour ou encore l'Ivrogne où Brel fait preuve d'autant de puissance que de sensibilité. Il alterne bien avec des titres plus légers à l'image d'une version très drôle de Les Bourgeois où le public applaudit dès la fin du premier refrain ("Les bourgeois c'est comme les cochons, plus ça devient vieux, plus ça devient..."). La communion entre le public et Brel est parfaite, tandis que ce dernier montre une vraie assurance, notamment dans la voix, l'intonation et les paroles, alors qu'il n'hésite pas à jouer avec certains mots.


Du bluesy Les Paumés du petit matin au très drôle Madeleine en passant par le puissant et beau Les Biches ainsi que trois de mes préférés de Brel, Les flamandes, Le Moribond et La Valse à Mille temps, le Grand Jacques se montre inspiré et ne nous laisse guère de répit. D'ailleurs dans cette dernière, l'une, si ce n'est la, de ses plus belles chansons il se montre particulièrement inspiré, tant dans la montée en puissance que la vitesse d'exécution et n'hésite pas à modifier son refrain par un extrait de la vache à mille francs ! Rajouté à cela un fabuleux orchestre et on se retrouve avec un nouvel album mémorable de Brel, un de plus et une première pour un enregistrement public où il arrive à retranscrire toute l'émotion et les diverses facettes de sa prose.


Si Jacques Brel arrêta assez vite la scène en 1967, les témoignages que l'on peut trouver sont souvent impressionnants et cet enregistrement ne déroge pas à la règle où il se montre puissant, drôle, bouleversant ou encore pertinent, et propose un répertoire sans fausse note tout en étant parfaitement bien accompagné.

Docteur_Jivago
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le 2 janv. 2016

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Docteur_Jivago

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