Enslaved
5.7
Enslaved

Album de Soulfly (2012)

Max Cavalera est de retour ! Mais oui ! Si si si ! Essayez au moins de feindre la surprise les gars, s'il vous plait ! C'est pas comme si depuis la création de Cavalera Conspiracy le sieur Max ne nous sortait pas un album par an, en alternance avec deux groupes similaires à un batteur près (et quel batteur, excusez du peu, Igor Cavalera lui même ! Ce qui ne suffit pas cependant à raviver le mythe Brésilien...) et à un rythme ne permettant que très peu de travail sur les compositions, ce qui s'était très fortement ressenti à l'écoute des albums Omen (Soulfly) et Blunt Force Trauma (Cavalera Conspiracy). En ce beau printemps 2012, le dernier de tout les printemps du monde à ce qu'il parait, c'est avec Soulfly que Max nous propose de repasser à table, avec un Enslaved à l'artwork ma fois très inspiré par celui de Chaos AD (Sepultura, 1994). Suite aux départs de Bobby Burns et Joe Nunez, Max en a profité pour s'adjoindre les services de deux nouveaux acolytes : Tony Campos à la basse et David Kinkade à la batterie ! A la grande surprise de tout un chacun, Nunez n'a été remplacé ni par Igor Cavalera, ni par Zyon Cavalera, le fiston de Max ayant joliment remplacé Nunez sur un ou deux concerts à la suite de son départ l'été dernier. Ce qui au final n'est pas plus mal, toutes ces histoires de membres différents à peine d'un groupe à l'autre finissant par ressembler plus à un gros merdier qu'autre chose !

Mais avant de se pencher sur ce (dixième) huitième album, je jugeais nécessaire de faire un rapide rappel de la discographie en dents de scie de Max Cavalera après son éviction de Sepultura : Soulfly (1998), le premier album éponyme, se posait comme l'album Roots tel qu'il aurait du être, débarrassé du cahier de charges de Sepultura et explorant pleinement le côté tribal si cher à Max à l'époque. Même constat pour Primitive (2000), tandis que 3 (2002) était quand à lui un album très inégal : sans aucun juste milieu, d'excellents morceaux y côtoient des pistes pénibles au possible. Prophecy (2004) est un album d'excellente facture, faisant monter d'un cran la brutalité de la musique de Soulfly tout en la mixant parfaitement à l'âme tribale du groupe. Masterpiece ensuite avec l'album Dark Ages (2005), qui restera à mon sens l'album de la maturité pour le Max Cavalera 2.0. En 2008, ce sont deux bons albums que nous proposera l'ami Max : un Conquer efficace avec Soulfly, ainsi qu'un très sympathique Inflikted avec son frère Igor dans Cavalera Conspiracy. On peut aisément dire que c'est après ça que tout a basculé : Soulfly sort Omen en 2010, et Cavalera Conspiracy Blunt Force Trauma en 2011. Ces deux albums sont affligeants de pauvreté, enchainant sans aucun but des riffs sans saveur sur des paroles périmées depuis longtemps, tandis que les lives des deux groupes montrent un Max Cavalera au bout de sa vie, divisant les fans entre deux clans distincts : ceux qui s'attachent plus à la légende qu'à la réalité et continuent d'aduler les yeux fermés tout ce qui porte le nom Cavalera, et ceux qui ouvrent les yeux sur la triste supercherie opérée par un homme n'étant plus que l'ombre de lui-même. Je fais partie de ceux là, à mon grand regret d'ailleurs, et ne pensais même pas porter plus que ça d'attention au nouvel album du groupe. Lorsque les morceaux World Scum et Gladiator ont étés lâchés sur Youtube, c'est sans aucune attente que je les ai lancés; et à ma grande surprise ils m'ont donné envie d'écouter Enslaved !

Bon, fini le blabla et penchons nous maintenant sur la galette, qui s'ouvre sur Resistance, une introduction ambiante matinée d'un blastbeat afin de nous plonger dans le bain. Ce qui n'est définitivement pas un mal, et permet de mieux lancer l'album qu'un morceau directement rentre dedans à tord et à travers (surtout à tord, en fait), comme ce que l'on pouvait trouver sur Omen. Enchainé sur World Scum, le premier single de l'album que vous aurez probablement déjà pu écouter sur le net. Le morceau est particulièrement agressif, et le nouveau batteur propose un jeu beaucoup plus extrême que ce qu'on a pu entendre jusqu'à présent dans Soulfly, alternant séquences de double pédale très soutenues et blasts apportant un peu de fraicheur dans la musique de Cavalera. Mais surtout, rien qu'avec cette première véritable compo sur l'album, le problème principal des deux précédents albums est balayé d'un revers de baguette magique : les morceaux ont retrouvé un semblant d'âme, ne se contentant plus d'enchainer sans trop de convictions deux trois riffs en boucle. On renoue ici avec des passages plus ambiants, parfois même tribaux, apportant un jeu d'intensité aux dix chansons présentes sur le cd. Après ce constat assez encourageant, l'album passe presque tout seul, ponctué de quelques compos particulièrement intenses et marquantes, à l'instar de Gladiator (assurément la meilleure surprise de l'album, le morceau aurait parfaitement pu se retrouver sur Dark Ages, c'est dire !), Redemption of Man by God où l'on retrouve Dez Fafara de Devildriver en invité, ce dernier donnant la répartie à Max dans un refrain simple mais des plus efficaces, ou encore Plata O Plomo, un morceau sympatoche où Max chante en portugais et où Marc Rizzo (qui semble s'être décidé à changer ses plans soli !) nous joue de la guitare flamenco comme à l'époque Prophecy, le tout assez bien intégré dans le morceau. Même le chant est quelque peu surprenant, attention ça reste du Max Cavalera, mais ici au moins il fait l'effort de ne pas juste nous réciter les titres de ses anciennes compos à tout bout de champ ! L'album s'achève sur un morceau familial, Revengeance, sur lequel sont crédités les trois fils de Max, et l'auditeur est surpris de ne pas retrouver le traditionnel morceau instrumental intitulé Soulfly : en effet, comme pour prouver à tout le monde que Max pouvait surprendre en 2012, Soulfly VIII ne se trouve pas sur le cd, tout du moins dans sa version normale, la plage se retrouvant comme bonus track sur l'édition limitée de l'album (ainsi que Bastard et Slave, un morceau où l'on retrouve avec plaisir le chant de guerre traditionnel brésilien que l'on avait déjà pu entendre sur Tribe, un morceau qui remonte au premier album de Soulfly).

C'est donc un album somme toute agréable que nous balance là Soulfly, qui s'il n'est certes pas le disque du siècle, est à classer au même niveau que Conquer, faisant quelque peu oublier le double fiasco Omen Force Trauma. Je redoute juste que la vitalité présente dans les chansons les plus intéressantes du cd ne pâtissent en live du manque d'énergie flagrant dont Max fait de plus en plus preuve sur scène, à force d'enchainer les tournées et les studios sans même s'accorder le moindre break...
SlaughterMass
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le 21 oct. 2013

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Jerem Mass

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