Everything Could Be Fine par Camilla Savilerow

Prolifique depuis son Luxembourg natal, Victor Ferreira revisite le chillwave de plages embaumées et sophistiquées. Un mélange des genres trois étoiles pour mélomanes blasés. On annonce depuis quelques mois la mort du chillwave, cette musique devenant aussi saturée que les clichés Lomography qui hantent les blogs de ces rêveurs 3.0. Si l’explosion fulgurante de cette facture sonore aura certes bercé l’été 2009, celle-ci tendait à défraîchir un an plus tard.

En 2011, nombre d’artistes refusent d’être associés au genre, comme pour mieux l’enterrer et s’en éloigner. Force est de constater que cette vague de détente subsiste pourtant, évolue, se complexifie. Une transformation glanant dans les autres styles musicaux, engendrant des compositions plus difficiles à identifier. Sun Glitters semble émerger de cette nouvelle génération, oscillant entre shoegaze, dupstep et beats wonky. Presque aussi riche qu’une compilation de Boards of Canada (héros de Ferreira), Everything Could Be Fine offre une poignée de titres élégants, des mélodies moins embuées que ces EP grésillants qui affluent continuellement sur la toile. La pochette préfigure un travail assez classique, un jeu d’enfant (ce qui expliquerait la présence d’une petite fille sur la jaquette ?).

L’album emprunte néanmoins un sentier bien plus mature qu’il ne le laisserait paraître. En prélude, Beside Me nous emporte instantanément dans une strate plus lugubre et confidentielle qu’un single de Washed Out. Toujours hanté de ces chœurs de digi-diva (la signature de Ferreira semble t-il), Too Much to Lose s’enfonce encore plus dans ce gouffre subliminal mais partiellement obscur. A Dragonfly in the City use des combinaisons beatwork sur un tempo comme suspendu dans un autre espace-temps. Le titre pour le moins fantastique serait-il l’explication à ces atours d’ovni ? Feel It semble retourner sur terre, rappelant les échantillons vocaux de Balam Acab. Softly and Slowly tient lieu de transition qui porte bien son nom, porté par la voix spectrale et désabusée de Rob Boak. Victor Ferreira enchaîne par d’autres élucubrations subtiles qui semblent l’obséder depuis son ancien projet Sugar-Cane. Ainsi, Find Your Way (See) nous initie intégralement à cette nouvelle vague luxembourgeoise où résonnent des paroles à double effet, provoquant apaisement et inquiétude. L’idée s’étire sans s’étioler, les voix se dédoublent, les échos nous éloignent peu à peu du rêve éthéré et métallique de Sun Glitters (Love Me). En clôture, Everything Could Be Fine, morceau majeur de cet album du même nom, scintille comme jamais, assurant de laisser ces mixages entériner notre mémoire auditive pour longtemps.

Créée

le 18 juin 2013

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