First Cutt
First Cutt

Album de Razormaid (1987)

First Cutt... voilà un album plutôt méconnu aujourd'hui qui a pourtant eu un succès critique et commercial plus ou moins conséquent dans les années 80. Il faut dire qu'à l'époque où certains groupes de la NWOBHM se sont mis à œuvrer pour conquérir les ondes américaines, quand la tendance chez Uncle Sam était au glam/hair metal et quand les productions hard FM battaient leur plein, pondre un truc hard/heavy teinté d'AOR avec une femme sexy aux cheveux crêpés sur la pochette était pratiquement gage de succès. Ainsi, si au fil du temps le grand public oublie de plus en plus toutes ces success stories éphémères, les nostalgiques et autres aficionados du dieu décibel se jettent généralement sur tous ces Ice Tiger, Letchen Grey et donc Razormaid ; tout simplement parce que ce beau monde se souvient de tous ces disques que vantaient jadis les articles de la presse métallique... mais qui n'ont pourtant été pressés qu'une ou deux fois...


Si First Cutt est sorti en LP en 1987, il faudra attendre 2000 pour que le CD débarque sur un label obscur du nom de Toe Jams Records. Après ça plus rien. Résultat ? Des cotes astronomiques tant pour le LP que pour le CD... jusqu'à ce qu'un beau jour, une fan-page sur Facebook fasse revivre le groupe et que les CD des années 2000 refassent leur apparition et voient leurs prix divisés par 10. Comme quoi... En tout cas, le revival qui a eu lieu en 2013 a permis aux métalleux de jeter l'oreille sur cet album qui vaut le détour sans pour autant être indispensable.


La première chose qui frappe c'est cette production puisque pour un groupe de seconde zone Razormaid avait bénéficié d'un enregistrement solide et clairement dans le haut du panier malgré une batterie un peu faiblarde par moment. C'est d'ailleurs là le principal défaut : First Cutt enchaîne des pistes qui jouissent d'une solide écriture... mais ça manque un peu de niaque à plusieurs moments. Pourtant les prouesses sont là ! Rien que l'ouverture avec Sooner or Later (dont le riff me rappelle un petit peu Lead Me On de Spitfire d'ailleurs), avec un shred en background sans excès et un Jamie Lee qui, sans pour autant brailler aussi fort qu'un Tom Keifer, assure un minimum : force est de constater que l'album démarre sur les chapeaux de roue et instaure instantanément son climat soooo 80's mais toutefois assez atypique. Quant à une chanson comme Too Late, celle-ci est relativement bien construite avec son refrain entêtant, ses chœurs qui rappellent ce que le Def Leppard post 83 a pu pondre de meilleur et surtout ce riffing haché qui monte en puissance avant que la piste retombe dans un mélo des plus agréables dans le plus pur esprit glam/AOR. Dans le fond, c'est juste dommage de constater que ça aurait pu être encore plus démentiel avec un soupçon d'énergie ici et là...


Mon coup de cœur va très certainement à Victim of the Night et The Drifter. Le premier parce qu'il sublime le hair metöl avec ses cloches et surtout son solo titanesque wah-wah/harmo' etc. et le second parce qu'il est une quasi-réminiscence — très réussie — du morceau I'm on Fire de 220 Volt. Quant au reste, on notera le très pomp rock Obsession ou encore ce Rock 'n' Roll Invasion qui montre une nouvelle fois que Razormaid a beau avoir choisi la voie FM made in USA, les ricains n'ont pas renié leurs racines heavy/hard. Après, on citera quand même un ending assez dispensable et surtout quelques réitérations musicales qui tranchent un peu trop avec l'inventivité générale qui émane du disque. Dans tous les cas, quand on voit que la scène de l'époque était représentée par les Firehouse et autres Warrant, Razormaid n'avait techniquement pas à rougir devant eux et aurait largement mérité une meilleure reconnaissance, surtout que les gratteux John Kirk et Curt Mitchell ont un sacré niveau. D'ailleurs, ces derniers ont connu un succès plus important avec Bangalore Choir qui reprenait notamment avec un grand brio l'excellent Angel in Black de Autograph. Mais là encore, l'existence fut plus ou moins chaotique.


Quoi qu'il en soit, quiconque cherche du hard rock FM en dehors des sentiers battus peut se jeter sur ce First Cutt les yeux fermés et tant pis pour les quelques bémols cités plus hauts : au moins c'est plus fun que du Warrant. Et puis, j'évoquais une fan-page Facebook : en vérité j'en suis le créateur et celle-ci est désormais devenue officielle. Aussi, il n'était, jusqu'à il y a peu, pas impossible que le groupe se reforme autour de son guitariste John Kirk — entre temps converti au rastafarisme et au reggae, mais toujours métalleux dans l'âme... comme quoi... — pour au moins un album dans un avenir proche. Malheureusement, Razormaid est aujourd'hui endeuillé par la perte de son bassiste, sauvagement brûlé vif par un déséquilibré il y a quelques jours. Alors quid du futur ? Mystère... mais il n'est pas interdit d'espérer !

sigmaln
7
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le 23 déc. 2016

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Sig Ln

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