Furthermore comme le mot le dit se réclame d'aller encore plus loin....En fait Shawn quitte le prog-folk qui le caractérisait pour se diriger vers un son funk à la Herbie Hancock. Tout un changement qui me déplut grandement à la sortie de l'album.


Oui je fus déçu par l'album en partie mais certains morceaux tiennent la route.


L'album s'ouvre avec un titre très commercial January First. Tout comme Bright White l'album précédent. On sent sur ces deux albums des concessions à A&M pour obtenir une radio diffusion. Le titre est moins bon que sur la BBC. À oublier rapidement...


On enchaîne avec du Shawn plus classique avec Starbright. Le morceau soutenu par le remarquable piano délicat de Peter Robinson est magnifique. Le mellotron s'en mêle même juste un peu. On reste suspendu à la finale, on en voudrait encore. En concert duo , ce morceau était magnifique.


Dans une continuité parfaite, sans interruption, la voix de Shawn doucement entame Breakthrough. Ces deux morceaux enchaînés sont les trésors de l'album. Out le son funky, on retrouve ici toute la richesse musicale de Shawn soutenu par un orchestre symphonique discret . Celui-ci dirigé par Martyn Ford ( voir Caravan and The New Symphonia) est d'une efficacité magistrale. Le hautbois chante, le violoncelle de Paul Buckmaster est joli. C'est une réussite totalement envoutante et la voix de Shawn est à son apogée. Il faut voir comment les notes hautes sont données, sans effort, comme à l'habitude. Le final vocal avec : “He is free” plane au-dessus de l'orchestre dans un ravissement exceptionnel. (une version live à Midnight Spécial existe sur You Tube, elle vaut son pesant d'or)


L'enchaînement funky avec Ninety two years est un désastre et casse totalement la magie. Vite sautons la piste!


Ouf on revient au Shawn qu'on aime avec See You ! Une guitare acoustique et des vocaux très bas ouvrent la chanson. Puis dans une grâce aérienne , rappelant L Ballad (Faces, Contribution), Shawn pose sa voix délicate sur cette chanson d'amour qui s'insinue en vous merveilleusement. Le travail aux claviers de Peter Robinson est magique. Prêter l'oreille c'est subtil. Même le drum de Barry de Souza est intelligent (c'est pas peu dire). La progression du morceau en puissance aboutit à quelque chose de moins réussi avec Planscape. Encore un titre funky qui vient gâcher l'ambiance par son début.
Toutefois le jam devient intéressant et l'utilisation des cordes sur cette musique qui ressemble à du Herbie Hancock n'est pas sans audace. On assiste ici , vraiment , à un étrange mix. Étonnamment les musiciens arrivent tout de même à tirer leur épingle du jeu même si cela est assez désordonné.


Troof vient enfin calmer le jeu après ce jam vampirique. Le piano majestueux et économe de Robinson est tellement beau... et que dire de la voix de Shawn qui n'a pas été dit ? Elle transperce les sillons de l'album . Le désespoir de Phillips est différent de celui d'un Hammill mais ils atteignent, par lesdits moyens différents, le même point. Les orchestrations sont fortes et ne font que souligner de façon magistrale la chanson. Le talent de Martyn Ford est renversant. On retrouve un peu les même sonorités que sur Pick Up A Bone de Rupert Hine (disque aussi gracié par la présence de Ford) Du grand art et une autre perle pour l'album.


Pas d'arrêt on enchaîne avec la voix , toute en complainte de Shawn, pour Capé Barras. C'est très beau ce lent début. Les vocalises ressemblent à celle de Chorale sur Faces. Shawn fait des arpèges incroyables sur une sitar ou est-ce une guitare électrique ? On se retrouve plongé dans un poste de radio avec changements de poste et tout le bazar expérimental des 70's. Ils en fumaient du bon! On retrouve même un passage de Second Contribution. L'ennui avec ce genre d'expérience c'est que c'est amusant la première fois mais ça meurt vite. Une chance Shawn ne s'éternise pas.


Song for Northern Ireland s'élève doucement, nous décrivant l'Irlande divinement et “sanguinairement”. la voix devient colérique, l'orchestre pressant et le climax du morceau est encore tué par un beat un peu trop funk ! Dommage la bombe crashe dans une mauvaise explosion! mais la première partie de la chanson vaut vraiment le coup.


Mr President enchaîne sans interruption. C'est un rock funky avec cordes. C'est pas bon, c'est pas mauvais, c'est juste en-dessous de ce que cela aurait pu être. Shawn explore parfois avec succès sur ce morceau, mais il ne convainc pas. Par contre l'enchaînement avec Talking In The Garden est parfait ! La rythmique du chant devient de plus en plus hallucinante et le band se met à rocker délicatement de façon très efficace et plus la chanson avance, plus on embarque. Et on sautille avec les vocalises , et on angoisse avec les claviers et les cordes. Tout cela se fond admirablement. La dernière grande perle de l'album. Tout est parfait jusqu'au “ boogie” lâché par Shawn et là la fête s'arrête malgré un très beau jam, c'est le titre éponyme: Furthermore. C'est juste incohérent avec le morceau précédent.


Furthermore est constamment brisé par ce côté funk et cela tue la magie. Mais si vous arrivez à faire fi de cela ou si vous embarquez, vous y trouverez votre compte et des perles de la carrière de Shawn. Dommage, Shawn est passé à côté d'un album qui aurait pu être un petit chef d'œuvre. On se demande jusqu'à quel point A&M peut-être tenu responsable de ce son ?




PS: Je suis généreux en mettant 8 , j'en conviens, mais les perles que Shawn arrivent à nous donner, ainsi que la contribution de Peter Robinson, méritent ce débordement.

RockNadir
8
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le 18 mai 2021

Critique lue 58 fois

RockNadir

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