Grace, c'est l'album qui peut te faire apprécier les choses les plus anodines de la vie. Réel mélange de douceur, beauté, simplicité. Haruka Nakamura arrive, en utilisant des recettes très basiques, à innover dans un genre condamné à rester à son stade depuis longtemps.
On ne parle pas ici d'expérience musicale hors du commun, d'expérimentations farfelues ou d'autres exploitations musicales qui peuvent provoquer l'exaltation de l'auditeur assidu. Non, Grace c'est simplement un flux musical qui s'écoule du début à la fin, d'une manière toujours simple, sans jamais créer de pics. Il nous fait stagner dans son univers musical, et ce n'est pas une mauvaise chose. D'ailleurs, quel univers !
Lancer cet album, c'est entrer dans un monde rempli de sentiments. De la nostalgie à la joie, de la tristesse aux instants de bonheur. Ce qui est magnifique avec Grace, c'est qu'il ne vous pousse dans aucune direction. Vous êtes libre de ressentir ce que vous voulez à son écoute, bien souvent les choses changent même à chaque fois que vous le relancez, selon ce que vous avez vécus récemment, votre humeur, tout. En clair, c'est un album dont on ne peut plus se passer une fois qu'on l'a eu dans nos oreilles, tant il peut nous apporter des sensations différentes à chaque fois qu'on décide d'y retoucher.
En terme de composition musicale, on reste dans la simplicité la plus totale. Les instruments utilisés se limitent donc bien souvent à une guitare, un piano, une basse, et parfois on a droit à quelques notes d'accordéons ou d'instruments divers. Rien de transcendant. De plus, les notes sont souvent très simples. Qu'est-ce qui crée donc cette atmosphère si unique à Nakamura, alors ? A vrai dire, même aujourd'hui j'ai du mal à l'exprimer. Certes c'est simple, mais les effets de reverb utilisés sur la quasi-totalité des notes sans que ça sonne lourd créent un globe musical assez impressionnant tant il est envoûtant. De plus, cette manière de placer des éléments de la vie de tous les jours en ajouts sonores et sans jamais que ça ne dérange me plaît énormément. Je me sens plus à l'aise que jamais. Un élément central sur lequel j'aimerais insister : les voix. C'est tout simplement le cœur de sa musique, ce qui donne son âme, son cachet. Toujours dans un registre purement abstrait, les voix nous enlacent dans cet univers, le rendant davantage magnifique. Jamais superflues, elles se superposent sans problème aux instruments, créant donc ainsi une harmonie remarquable.
Un album à écouter tranquillement chez soi, dans son lit, en fermant les yeux. C'est un peu un rituel d'écouter Grace de manière chronique, pour se redécouvrir soi-même, et au final, se sentir bien. Rien de plus, aucune prétention ne découle de cet album. Pourtant, il arrive à me toucher à chaque écoute...