Après l'hibernation de Out Into the Snow et la désolation de Ghosts, ça fait du bien de prendre un peu l'air. Avec ce douzième album, Simon Joyner sort de sa cave et tant mieux parce que franchement, il commençait à sentir le renfermé.


En signant sur le label Woodsist, maison de ses héritiers Kevin Morby et Jana Hunter, le troubadour solitaire d'Omaha semble enfin ouvert à quelques compromis sur son art torturé. Des chansons moins longues, des guitares mieux accordées et des tempos plus assurés. On le sent moins en train de se battre contre la marée, plus solidement ancré dans ses bottes et le voilà même qui montre sa tronche sur la pochette, cowboy dans un champ de blé. À l'aube, au crépuscule, entre les deux, au naturel en tout cas.


Grass, Branch & Bone m'a réconcilié avec un artiste qui commençait gentiment à tourner en rond. Acceptant enfin sa dimension country, Simon n'essaye plus de chanter, il mime une mélodie, la soutient avec un zeste d'accords dépouillés et sait dire son dernier mot avant qu'on lui demande de la fermer. Avec des textes qui n'ont rien à envier à ceux de Bill Callahan ou Will Oldham et son éternel besoin de réécrire en permanence sa propre version du "Bird on a Wire" de Cohen, il se montre sous un jour plus serein, moins larmoyant et ses confessions n'en sont que plus touchantes.


Bien sûr, impossible de chasser le naturel sans qu'il resurgisse au fond d'une bouteille et les amateurs du Simon alcoolique apprécieront "My Drinking Dream", une auto-parodie qui ne manque pas de charme. Mais notre éternel grincheux est plus percutant quand il fait son auto-critique ("Sonny"), son Townes Van Zandt ("Train to Crazy Horse") et laisse le printemps refleurir son répertoire en friche ("Jefferson Reed").


Un rayon de soleil, enfin.

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le 7 janv. 2020

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