Home Everywhere
4.9
Home Everywhere

Album de Medicine (2014)

Deux retours : c’est ce qu’il a fallu à Medicine afin qu’ils reviennent ce vers quoi il était connu : le shoegaze très (très) bruyant et très sucré.


Deux albums : c’est ce qui leur a coûté une crédibilité.


Avoir atteint le fond ne semblait pas suffisant pour eux. Ils ont donc décidé de creuser jusqu’en Chine. Sinon je ne vois pas d’autres explications sur la hâtive parution de ce sixième album (To the Happy Few étant sorti un an auparavant). Après plusieurs immersions dans cette énième bouillie shoegaze (ce n’est que le second disque post-reformation et pourtant, j’ai la sensation d’avoir écouté cinquante fois la même chose), il y a deux manières de présenter les choses.


La manière positive : il est humainement impossible de faire pire que To the Happy Few (c’est bon ? Je suis suffisamment positif là ?). Faire encore plus mauvais équivaudrait à composer une musique cliniquement dangereuse. Le groupe de Brad Laner en est, heureusement, encore loin (pour l’instant ?).
Autre point positif (non ?), Home Everywhere est moins ennuyeux que son prédécesseur. Bon d’accord, de pas grand-chose. Comme le talent mélodique s’est fait la malle, aucun morceau n’est mémorable. Et leur son si personnel est devenu autant banal et triste qu’un parpaing. D’accord, d’accord ! Restons optimiste. Heu attendez… Ah je sais ! Je dernier morceau est plus ambitieux que le reste. Ce n’est pas positif ça ? Plus de onze minutes de shoegazing à qui on aurait fait ingérer des pilules multicolores. Une dimension psychédélique pas réellement inédite chez Medicine, mais il faut bien trouver un peu de nouveautés là où on peut.


La manière négative : Home Everywhere est bien nul. Il est médiocre et même son morceau titre aussi tiens ! Il va nulle part, il est interminable et puisque le songwriting est inexistant sur l’ensemble de l’album, vous ne croyez pas qu’il serait miraculeusement présent sur ce titre final ? Morale de l’histoire : l’ambition, c’est bien. Seulement, ça ne sert à rien si vous n’en n’avez pas les moyens.


Autre détail regrettable, les derniers disques de cette (re)formation ne pousseront probablement jamais un néophyte à découvrir leurs premières œuvres. Pourquoi ? Parce qu’ils trimbalent tous les clichés du shoegazing et ce qui en a fait une scène longtemps snobée par les médias. Des mélodies vocales de piètre qualité. Des voix doucereuses mais sans caractères. Un son uniforme et sans relief et une rythmique monotone. Beaucoup de bandes récentes ont repompé l’ambiance sonore de cette musique. Souvent sans y apporter la moindre personnalité ou un tant soit peu de talent. Ce n’est pas grave. Chaque genre contient ses précurseurs, ses vulgarisateurs et ses suiveurs. C’est dans l’ordre des choses. Par contre, c’est toujours embêtant d’assister au déclin brutal d’un des meilleurs représentants d’un style.


Après, il est possible que je n’ai rien compris. Peut-être que Medicine n’était finalement pas une entité pop derrière son attirail bruitiste (alors qu’on y croit un peu à l’écoute de « It's All About You »). Ce qui expliquerait pourquoi Brad Laner s’est lancé dans une carrière solo expérimentale suite au split de son groupe.


Dans ce cas, laissez-moi admettre ma part de radicalité.


Oubliez tout ce que j’ai pu dire sur leur reformation. Jetez-vous plutôt sur les remarquables Shot Forth Self Living et The Buried Life. Même sur Her Highness qui est infiniment meilleur que tout ce qu’ils ont pu composer ensuite. Ce groupe est mort en 1995 et tout ce qui est postérieur à cette date n’est que foutaise.


J’ai dit.


Chronique consultable sur Forces Parallèles.

Seijitsu
2
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le 21 sept. 2017

Critique lue 52 fois

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