Hurricane Eyes
7.5
Hurricane Eyes

Album de Loudness (1987)

Toujours tourné vers le marché américain, Loudness enregistre son septième album studio sous la houlette d’Eddie Kramer, tandis que deux morceaux sont confiés à Andy Johns. Chanté en anglais par Minoru Niihara qui a fait quelques progrès dans cette langue, mais sans doute pas suffisamment aux yeux de certains responsables de leur label, il reçoit un accueil mitigé, même s’il entre dans le Bilboard pour y rester quatre semaines, ce qui est moins bien que les deux précédents. Il faut dire que « S.D.I. », son titre d’ouverture, n’a rien de très américain et sonne plutôt comme un hymne speed européen. Avec sa rythmique écrasante, son riff qui lamine tout sur son passage, il est étonnant de le voir arriver en premier. Il sera d’ailleurs repoussé à la fin sur la version japonaise.
La suite s’inscrit pourtant dans la droite ligne des productions américaines de l’époque, notamment avec le bon heavy rock « Rock 'n' Roll Gypsy » sur lequel Greg Giuffria vient poser des claviers, la ballade « In My Dreams », un peu mièvre ou le presque FM « Rock This Way » qui sont calibrés pour le marché américain. Même si le premier titre est excellent, on sent le groupe tout en retenue, ce qui est encore plus flagrant sur « Rock This Way » qui aurait pu être joué par Kick Axe ou Helix. Autant dire que cela manque de personnalité. Evidemment, les solos d’Akira rattrapent un peu cela, notamment sur « In This World Beyond », lui aussi destiné au marché américain, avec son refrain simpliste répété à l’envi.
Heureusement, il demeure quelques bons titres sur cet opus, comme l’excellent « Take Me Home », avec son rythme enlevé, son riff tournoyant et son refrain qui claque et permet de chanter avec le groupe. Les chœurs, soignés, apportent une touche supplémentaire à ce morceau heavy. La face B débute par « Strike Of The Sword », une petite bombe déchaînée qui jure avec le reste de l’album en déboulant sans retenue. Si ce morceau ne restera pas comme l’un des meilleurs du groupe, il prouve néanmoins que Loudness en garde sous la pédale, un peu trop d’ailleurs. Car les musiciens veulent jouer du heavy metal alors que leur maison de disques désire les voir envahir les ondes. L’épais « Hungry Hunter » en apporte une nouvelle preuve avec ses références presque sabbathiennes, son rythme lent et son refrain hurlé. A l’opposé, le magique « So Lonely » démontre que les Japonais sont capables de faire preuve de lyrisme en nous proposant une ballade imparable, éclairée par la guitare d’Akira.
Dernier disque « américain » avec Minoru Niihara, Hurricane Eyes est un bon album, mais en deçà de ce que le groupe a proposé jusqu’alors.

DenisLabbe
7
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le 19 déc. 2020

Critique lue 26 fois

Denis Labbe

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