Le vide existentiel

En 2004, John Frusciante sort pas moins de 5 albums (quatre en solo et un avec Ataxia) et un EP. C'est dire si à cette époque, l'artiste est inspiré. Inside of Emptiness est le 3ème album solo du guitariste qui apparaît dans les charts cette année là. Et quel album...

Enregistré en seulement 5 jours, il est à ce jour l'effort le plus brut et le plus rock jamais composé par Frusciante. Après avoir dévoilé son côté art rock avec Shadows Collide with People puis tourmenté avec The Will to Death, les deux prédécesseurs d'Inside of Emptiness, le guitariste virtuose des Red Hot (qui fait à l'époque un break avec le groupe qu'il avait réintégré en 1998) continue de faire étalage de son talent et de son inspiration sans limites. L'album se rapproche davantage de The Will to Death que de Shadows Collide with People de par son aspect lo-fi et introspectif. En effet, il suffit d'écouter "Look On" dans laquelle John raconte sa vie dans les rues de Los Angeles pour être touché par la sensibilité de l'artiste. Finalement, ce qui fait la force de cet album, c'est ce côté lo-fi, déchiré avec des riffs qui semblent avoir été composés en 30 secondes et des soli pleins de spontanéités (celui de "Look On" justement est tout bonnement magistral). Le style unique de Frusciante est bel et bien là, avec cette voix si particulière qui alterne entre aigus et moments de déchaînement ( à ce titre "666" est un bon exemple même si c'est loin d'être la meilleure chanson d'Inside of Emptiness), et des textes toujours teintés d'un élan de poésie, celui d'un artiste marqué par les affres de la vie, d'un homme qui a frôlé la mort. Cet album nous fait encore une fois la démonstration que la souffrance produit parfois de purs chefs-d'oeuvre, et celui-ci se clôt de la plus belle des manières sur "Scratches", qui, pour moi, demeure à ce jour la meilleure chanson de John. Voilà en effet un morceau qui a du tirer les larmes à plus d'un et qui possède cette force rare, celle de véhiculer à l'auditeur les émotions les plus vives de son interprète, on souffre avec John et le pire c'est qu'on en redemande, peut-être parce que peu d'artistes sont capables de transmettre leurs émotions comme lui sur cette chanson.