Un futur grand de la chanson française ?

Je sors de mon hibernation musicale, réveillé que je suis par Marvin Jouno ! J'entends déjà certains grincer des dents... C'est qui celui-là avec ce prénom improbable, un cousin de Kendji Girac ? ( Et Marvin Gaye alors, ça ne vous dit rien ? ) Non, nous sommes très loin du chanteur TF1 et sans doute aussi du roi de la soul, mais c'est assurément l'apparition sur la scène française d'une future grosse pointure, j'en prends le pari (et je ne prends pas beaucoup de risques puisque même les Inrocks parlent de future star de la chanson).
Son premier album au look et au titre très cinématographique qui rappelle son métier du décorateur pour le cinéma, débute par un souffle de vent glacial, suivi par un bruit de neige qui dévale la montagne. Suivent une rythmique électro un peu sourde et la voix du chanteur immédiatement évidente. Il sait chanter c'est certain mais un léger doute subsiste. Que va-t-il nous bramer ? L'amour ? Je t'aime tant ? Je te quitte ? Non ne pars pas ? Et quand on entend :
"Quand vient la nuit du dimanche à lundi
je m'occupe, je trace des axes de symétrie
Je fais ça sur mon lit
Depuis tout petit"
L'oreille est accrochée. Quelqu'un qui arrive à glisser des notions mathématiques dans un couplet mérite assurément attention. Et une chose est certaine, c'est que l'attention ne retombe jamais jusqu'à la dernière note du dernier de ces onze morceaux, tous plus emballants les uns que les autres.
Auteur compositeur, Marvin Jouno propose d'emblée un univers personnel qu'il sait emballer dans une pop élégante, un peu électro mais adoucie par des violons ou un piano. On sent bien quelques influences ( Biolay sans doute, Murat pour quelques finales chantées de façon traînantes, ...) mais c'est pour mieux nourrir son univers déjà singulier.
D'un Japon sinistré ou du futur d'un planète qui court à sa perte à une évocation mélodieuse et rythmée de Berlin, ville de tous les émois :
"On a conjuré le passé oppressant
comme dépassés par le présent
On a écrit au futur sur les murs
cru au cristal, aux bonnes aventures..."
Marvin Jouno nous fait voyager mais pas que. Il nous offre aussi une magnifique lettre non envoyée par le soldat en permission que la Cléo du film de Varda rencontre en fin d'après-midi ( Antoine de 5 à 7), se payant le luxe d'une chanson sur la guerre d'Algérie.
La suite sur le blog
http://sansconnivence.blogspot.fr/2016/03/interieur-nuit-de-marvin-jouno.html

pilyen
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le 14 mars 2016

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