Interiors
7.2
Interiors

Album de Quicksand (2017)

Le retour d’un grand du post-hardcore

Il faut croire que la musique est comme la mode, elle agit en cycle. Des groupes disparus refont surface et c’est le souvenir de tout un courant révolu qui revient à nous. Il est vrai que le post-hardcore ne s’est jamais réellement éteint. Il a même évolué en s’accoquinant avec l’emo et le metal, durant les années 2000, au point d’en devenir étonnement très commercial. Malheureusement, ce fut un cheminement similaire à celui du néo metal aux yeux de votre serviteur. Le genre devenant de plus en plus insupportable au même rythme que ses ventes augmentaient.


Le retour de vieilles gloires des années 1990 en 2017 déstabilise quelque peu. Car si on peut être rassuré d’assister à la réapparition des patrons qui sont revenus mettre dans l’ordre dans cette situation de crise, on peut également se questionner sur l’intérêt de l’entreprise.
Après la nouvelle fournée d’At the Drive-In, c’est donc au tour de Quicksand de faire valoir ses droits de grands inspirateurs. Des droits pas toujours glorieux tant leur musique n’influença pas que du beau monde. Pourtant, leur troisième album, depuis 1995, se révèle loin d’être honteux. Il est même encourageant.


Si on reconnait la patte des New Yorkais, Interiors ne joue pas vraiment la carte de la nostalgie. La musique ne cherche, en aucun cas, à renouer avec la violence de leurs premières sorties. Un changement de ton qui ne fera pas que des heureux pour les personnes ne les ayant plus suivis depuis le mémorable Manic Compression. Cependant, pour ceux qui ont été attentifs à la carrière de leur cerveau, Walter Schreifels, cet aspect plus lisse et accessible est nettement plus compréhensible.


Contrairement à ce qu’on pourrait affirmer hâtivement, ce disque n’est pas le fameux troisième album fantôme que la bande n’a pu faire paraître à la fin des 90s. Aucun des membres ne l’ayant confirmé de manière officielle. Même s’il est probable que des compositions de cette période ont servi d’ébauche pour Interiors.
Enfin, ce skeud ressemble beaucoup à un des projets de Schreifels, Rival Schools, qui était une sorte de Quicksand en plus mélodique et sans l’aspect metal. A l'image de l’introduction « Illuminant ». Un titre qui devrait pouvoir séduire ceux qui n’apprécient pas la rugosité inhérente au post-hardcore tant il s’avère accrocheur et soft. Une orientation qui serait décevante pour les puristes si le gang avait perdu son savoir-faire. Ce qui n’est, évidemment, pas du tout le cas. Ils ont ce talent à mêler une rythmique cogneuse à des guitares extrêmement inventives. Ces dernières naviguant entre riffs efficaces et harmonies vicieuses à coup d’effets bruitistes / psychédéliques (pour ne pas dire presque shoegaze). Rien que « Fire This Time » devrait vous convaincre.


Quant à la voix de Walter Schreifels, son étonnante douceur colle parfaitement à cette musique toujours nerveuse mais plus apaisée. D’ailleurs, « Cosmonauts » (aucun rapport avec le brûlant morceau du groupe d’El Paso cité plus haut) s’avère une jolie chanson dont la mélancolie rappelle que l’époque de l’excellent Slip est désormais lointaine.
C’est d’ailleurs ce qui fait d’Interiors l’œuvre la moins remarquable de Quicksand, parce que l’antique puissance brutale du combo manque tout de même un peu. Ce qui nous rend, hélas, un peu nostalgique de cette défunte période malgré la sincérité et la qualité de cette reformation.


Chronique consultable sur Forces Parallèles.

Seijitsu
6
Écrit par

Créée

le 27 déc. 2017

Critique lue 92 fois

1 j'aime

Seijitsu

Écrit par

Critique lue 92 fois

1

D'autres avis sur Interiors

Interiors
Gil-les
9

SABLES (É)MOUVANTS

Quicksand, originaire de New York, a publié dans la première partie des années 90 deux disques majeurs de la scène bruyante, 'Slip' et 'Maniac Compression'. J'ai écouté ces albums à l'époque, il...

le 20 oct. 2021

2 j'aime

7

Interiors
Seijitsu
6

Le retour d’un grand du post-hardcore

Il faut croire que la musique est comme la mode, elle agit en cycle. Des groupes disparus refont surface et c’est le souvenir de tout un courant révolu qui revient à nous. Il est vrai que le...

le 27 déc. 2017

1 j'aime

Du même critique

Split
Seijitsu
9

Chef d’œuvre sous-estimé

Dès les premières notes de "Light From a Dead Star", on sent que quelque chose a changée. Fini la reverb maousse de Robin Guthrie, le son de Lush s'est grandement aéré et les chansons en deviennent...

le 22 juil. 2015

16 j'aime

Badmotorfinger
Seijitsu
10

Enfin maître du grunge

1991: The Year Punk Broke. Il serait surtout plus juste d’affirmer qu’il s’agit de l’explosion médiatique du rock alternatif Américain, voire du rock alternatif tout court. L’année de la découverte...

le 2 mars 2016

16 j'aime

1

Giant Steps
Seijitsu
9

Kaléidoscope musical

Qu'est-ce qui sauve un disque de l'oubli ? Sa qualité intrinsèque ou la progéniture qu'il engendrera ? S'il y avait une justice en ce bas monde, c'est la première caractéristique qu'on retiendrait en...

le 15 août 2015

14 j'aime