Interstellar. Peu de titres donnent une image aussi juste de l’œuvre qu’ils annoncent. La pochette de l’album est encore plus prometteuse : un tourbillon d’ondes filant vers l’infini, comme une plongée en hyperespace ou dans un trou noir. Dès le premier morceau, on est transporté loin, très loin dans les étoiles. Tout d’abord dans un flottement, un murmure plein d’échos, puis nous voici expédiés au-delà des galaxies par une accélération rythmique. C’est du space rock, transcendé par une production sublime qui donne à chaque chanson des allures de petites symphonies spatiales. Frankie Rose s’y connaît en rock mêlant avant-garde et nostalgie, elle qui a fait partie des Dum Dum Girls et des Vivian Girls.
Tout ce qui pourrait ici sembler routinier est sans cesse bousculer par les bonnes idées. Des chansons courtes, souvent à peine trois minutes, un disque tout aussi bref, une demi-heure, et le sentiment de voyager à bord d’une fusée parcourant les contrées idéalisées d’une science-fiction uchronique. Baigné par une cohérence absolue de sons et de thèmes, chaque morceau est une petite merveille en soi. Jusqu’à toucher la beauté totale sur le cœur palpitant qu’est Pair of Wings. Interstellar se rêve Odyssée et fait scintiller les espaces silencieux. Une œuvre aussi planante que percutante, absolument magnifique.