Des océans de nappes d’ambiances shoegaze nous envahissent l’esprit à l’écoute de « It all falls apart », comme une plongée sidérante vers une élévation rêveuse, des strates sonores qui se désossent elles-mêmes pour côtoyer l’isolement. Rafael Anton Irisarri (The Sight Below) a cette particularité de faire cohabiter avec prouesse, la profondeur d’une techno indicible à la candeur des guitares brumeuses du drone. Sa musique a évolué depuis Glider, est devenue moins mélancolique mais plus lunaire où les déambulations nocturnes sont remplacées par de vastes rêveries cosmiques.


Alors que les beats lunatiques faisaient vibrer la douleur de chansons comme « Dour » ou « At First Touch », The Sight Below détache ses vagues oniriques de tout encrage pour voir s’émanciper des chansons telles que « Shimmer » ou « Splenetique » vers quelque chose de plus cérébrale, aux boucles drones dramatiques incessantes, telle une prière fantomatique.


Le recueillement que véhicule The Sight Below réside dans la relation ambivalente qui existe entre le mouvement et l'immobilité, entre calme et puissance. A l’image de la pochette sublime, qui peut rapidement faire penser à une scène mémorable du Miroir de Tarkovski, The Sight Below nous invite en pleine lévitation, un voyage lancinant pour enfin toucher la structure organique de la conscience. Avec l'aide de Simon Scott,


The Sight Below a créé un éventail foudroyant de possibilités sonores viscérales, où des lignes de guitare lumineuses et drones réconfortantes de « Fervent » se confrontent à la techno froide et mécanique de "Through The Gaps in the land ». Point central de l’album, cette reprise vaporeuse et céleste de Joy Division («New Dawn Fades ») avec ces crépitements orageux et la voix plaintive de Jesy Fortino (Tiny Vipers). Hors du temps, planant, mix parfait d’Andy Stott et Slowdive, « It all falls apart » décolle pour ne plus jamais atterrir.

Velvetman
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le 22 août 2017

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