Amiri Baraka - It's Nation Time - African Visionary Music (réédition de 2018)


Cet album fait renaître en moi les moments passés à lire le fameux « Free jazz Black power » de Philippe Carles et Jean-Louis Comolli, sorti lors de sa première édition en 1971. Un livre dont la lecture a été fondamentale dans la compréhension historique, économique et politique du free jazz.


Le héros du jour, Imamu Amiri Baraka, aka Leroy Jones, enregistrait peut-être cet album au même moment, « It’s Nation Time » a laissé une trace importante dans l’histoire du free et de la musique noire américaine, hélas l’album resta longtemps indisponible, mais une réédition vinyle d’excellente qualité est sortie sur Motown en 2018.


Je n’ignorais pas que cet album était largement parcouru par le « Spoken Word » et mon manque d’habilité dans les langues ne m’encourageait pas à partir en quête de l’objet, jusqu’à une période où, après avoir écouté et apprécié « The Last Poets », mais aussi le titre « Sweet - Black Dada Nihilismus » sorti sur le premier album ESP du « New York Art Quartet » avec LeRoi Jones en récitant, son acquisition me parut indispensable. La présence de cet album dans la sélection FJMt° est également une reconnaissance à postériori, mais n’aurait-il pas fallu également y faire figurer l’album du « New York Art Quartet » de 1965 ?


Un album historique donc, en général ce n’est pas de ceux dont il est le plus facile de parler, c’est souvent même assez paralysant, mais laissons les mots glisser…


L’album est conçu autour de sections qui se croisent et se succèdent. Les chorales d’abord, « Male & Female voices », qui chantent et soulignent le spoken word. Les « Africans drummers », percussionnistes joueurs de congas, shikari et cow bell. Le « R & B Group », voué aux musiques du même nom, ils sont huit, excellents. Et puis la section « New Music », avec Gary Bartz au sax alto, Lonnie Liston Smith au piano, Reggie Workman et Herbie Lewis à la basse ainsi qu’Idris Muhammad à la batterie. On peut également citer Gwendolyn Guthrie au chant.


Au total l’équipe tourne autour d’une trentaine de musiciens qui font vivre la musique vivante noire de l’époque de façon habile et merveilleuse. Aucun moment faible, les groupes interagissent avec un naturel confondant sans que jamais l’intérêt ne s’estompe, tout s’imbrique, les sections sont une force qui maintiennent et constituent l’ensemble. Les chants ici sont revendicatifs et révolutionnaires, l’album est un véritable manisfeste qui porte la poésie d’Imamu Amiri Baraka, le message se résume dans le titre : It's Nation Time !

xeres
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le 28 juin 2023

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