On, qui est un con, m'a dit que la chanson française ne valait pas tripette. On m'a même dit que nos chanteurs et chanteuses nous servent depuis dix ans la même soupe insipide réchauffée. Le type m'a carrément affirmé que notre industrie musicale n'avait rien produit de valable depuis noir désir. Il a trouvé bon d'insister en me prouvant l'incapacité de ces "artistes" à concilier textes en langue de Molière et véritable musicalité. Il m'a finalement achevé avec le dernier grand corps malade.

Quel con.

J'étais alors au plus mal et particulièrement désappointé. Triste aussi.

C'est alors qu'on, qui semblait pour le coup beaucoup moins idiot, m'a présenté une autre théorie. D'après ce joyeux drille, la scène française est comme un iceberg et la daube radiophonique n'en est que la partie visible. "L'underground recèle de sublimes pépites qui sauront combler ton orgueil patriote", m'a-t-il affirmé.
C'est dans cet état d'esprit proche du désespoir que j'ai découvert David TMX.

David ne vit pas de sa musique. Peut-être le pourrait-il? Peut-être pas. Nous ne le saurons jamais car il a fait le choix de la liberté artistique absolue. Cette liberté signifie pour lui l'autoproduction, la composition intégrale de tous ces morceaux et, cerise sur le gâteau, la mise à disposition totalement gratuite de son œuvre sur le site Jamendo.
Merci David.
Il détaille plus amplement cette prise de position dans la belle balade "tant que la mouche me pique". C'est d'ailleurs ce qu'il fait le mieux, parler de sa vie, du quotidien, de ses idées souvent incompatibles avec notre dur système. Et il en a des choses à dire le bougre! Pour ce faire, il ne se refuse rien et nous offre ici son album le plus abouti mais aussi le plus difficile d'accès. Les registres sont si variés que les premières écoutes sont déroutantes. On passe sans préavis d'une douce balade à un déferlement punk en passant par un "tube" R’n’B et une chanson presque paillarde. Tout ceci est cependant si bien écrit et interprété qu'il est impossible de ne pas adhérer au délire du bonhomme. Chacun y trouvera son compte et se reconnaitra dans le morceau qui lui convient le mieux.
On pourra reprocher une certaine longueur à l'album et un ou deux titres légèrement inférieurs. Mais la démarche est si sincère et rare qu'on ne peut que tirer son chapeau à un artiste unique en son genre, fidèle à ses valeurs depuis le début et au talent indiscutable.
-IgoR-
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le 18 déc. 2013

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-IgoR-

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