Kaliber 44, c'est l'histoire d'un groupe polonais de hip-hop dont les membres n'ont que 17-18 ans lors de la sortie de cet album. DJ Feel-X aux scratches, Magik rappeur et les deux frères Marten également au mic.

Kaliber 44 c'est l'histoire d'un des groupes les plus importants sur la scène polonaise en matière de rap, et pour certains, LE plus important. En tout cas cet album oui.

On est en 1996 - et mis à part quelques productions US préalables (Gravediggaz, Three-6 Mafia, Brotha Lynch Hung) en matière d'horrorcore/psychorap - j'avais jamais entendu quelque chose de cette trempe. Comprendre ou pas cette langue, on s'en fout à la limite car l'atmosphère suffit à vous mettre d'emblée dans l'ambiance de Księga Tajemnicza. Prolog et ce, dès le premier morceau "Nasze mózgi wypełnione są Marią".

Je m'étais déjà lancé dans le rap polonais y a pas mal d'années avec Grammatik, Pezet/Noon, Smarki Smark ou encore Małolat & Ajron. Mais là on a affaire à quelque chose de complètement dingue. Autant les artistes ci-dessus nommés naviguaient dans un rap classique, autant K44 nous balance dans la tronche des ambiances dark, inquiétantes et ésotériques.

D'ailleurs les titres "Nasze mózgi wypełnione są Marią", "Do boju Zakon Marii" et "Psychodela" nous font bien comprendre que l'usage de la marijuana fait partie du délire psychotropique de l'album. A se demander si les membres n'étaient pas sous emprise quand ils ont enregistré la galette.

Mais il y a un hic dans la production globale. La drum machine est par moments simpliste et très typée années 80. C'est selon moi le seul vrai problème de cet album ; une production relativement amateure. Un constat que je nuancerais néanmoins car, comme dit précédemment, les atmosphères sombres, parfois lugubres, tel un film noir, donnent toute la substance à cette comète qu'est Księga Tajemnicza. Prolog. A plus forte raison que les voix, les sonorités et la folie des MC's nous plongent constamment dans les entrailles d'un hip-hop expérimental/abstrait trop peu exploré.

Au final on a affaire à 45 minutes d'une œuvre étonnante, dérangeante même, dans laquelle on rentre des deux pieds du début à la fin. Le titre introducteur "Wejście" ("entrée") et surtout le dernier "Bez wyjścia" ("sans issue") nous démontrent qu'on est bien en présence d'un loop mental sans porte de sortie.

lehibououzbek
8
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le 8 févr. 2024

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