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La Langue
7.3
La Langue

Album de Arlt (2010)

prononcer Arl-Teu et oublier le reste



nous sommes un éboulis de pierres



ça s’impose d’emblée comme un refus qui fait chemin dans la tête. refus étrange, à contre-courant. Eloïse Decazes et Sing Sing, tout de sobriété et de décence, tournent le dos à la frange poétique du langage.
La Langue sera banal dans un sens perdu du terme qui contient la notion de proximité, un toucher charnel frissonnant et un mystère vieux de toujours.



je m’inachève, il s’inachève



c’est la croisée des genres si tant est que croisée, il y ait. l’épure domine ostensiblement. une guitare tantôt folk, tantôt déviante, déconstruisant les schémas pour mieux y replonger tête baissée et se faire oublier dans un coin, ersatz de timidité, épopée grotesque du quotidien.



tu es là, tu ne t’espérais plus



toujours, Eloïse martèle, sans violence aucune mais avec un acharnement obsessionnel qui intrigue, ces textes minimalistes en boucles interrompues, circonvolutions sans cesse dérangées par l’émergence d’une mélodie pop rassurante connue, le lyrisme n’est pas loin.
dans ce jeu de questions/réponses infini, qui se fait le miroir de qui? on cherche en vain une volonté de souligner, un acte artistique de raison. ya de quoi se perdre pour de bon, mieux vaut laisser filer.



l’amour est un os



Arlt refuse la poésie machinalement, comme un non-merci, presque dédaigneux, continue son chemin au rythme quasi-invisible d’une batterie tamponnée en sourdine. deux voix se mêlent, s’entrelacent fréquemment sans pour autant en faire une marque de fabrique, comme s’il le fallait, respirer à deux dans les instants les plus durs, ces moments bruts de conciliation avec le monde. il y a la voix rauque de Sing Sing, infra-basse ronronnante, c’est d’abord son absence qu’on remarque. et puis les voix d’Eloïse qui s’autorisent l’écart baroque comme la psalmodie Lou-Reedienne.



j’aimais l’amour alors j’aimais, l’idée que je m’en faisais



et c’est là que la simplicité perd tout le sens qu’on voulait bien lui donner. car La Langue demande du temps, un temps incongru que ses trente-sept minutes ne laissaient présager, un temps que l’Homme n’a pas, plus, ne prend plus, n’ose plus prendre. il est alors une lutte silencieuse, sans trompette, contre la peur du siècle. militant d’un genre nouveau, pris de cours assurément par sa propre cause.



ce soir à l’heure dite, au sommet du château d’eau, te montrerai si tu
viens, combien j’en veux



on veut tous, exister
mais certains font ça mieux que d’autres

-IgoR-
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le 4 nov. 2017

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-IgoR-

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