Adieu…

Je voulais mettre un petit 5, parce que je le trouvais un peu fainéant pour le coup. Mais j’ai eut une révélation, et ce à partir du morceau 7. Après, tout est devenu clair. Orelsan c’est le chaînon manquant entre Philipe Katerine et tout le rap français, j’ai compris ça. Cynisme, provoc, désespoir de façade, univers doux-dingue, flow enragé, côté antisystème vendeur ; je suis hardcore ( ?) Non, pas tant que ça, vieux ! Les beats sont lourds et pesants, un peu fainéants eux-aussi. Sur mesure, un peu frustes, qui s’emboîtent jusqu’à faire une bouillie inaudible. On a l’impression de recevoir du plomb fondu dans les oreilles, c’est voulut. De la programmation toute en ligne droite, et peu de musique. Le Chant Des Sirènes. Morceau insupportable et embêtant. Balourd, et qui fait grésiller les membranes de mes tweeters ; mon système audio ne m’a pas dit merci. J’aime pas quand on fait souffrir mes enceintes comme ça. Avec les lyrics bateau qui vont avec : « Seuls les faibles se font avoir par le système » ( ??) C’est plutôt Orelsan qui se fait avoir, par le boulard, et la grosse tête de gondole. Trop facile. Tu veux mieux que ça, enfin, je crois. 
Et les aventures du « génie » qui a écrit : « Sale Pute », n’intéressent que ceux qui sont en manque de héros à égo. Il ne restera que les punchlines, et l’échelle sociale, qu’on grimpe avec les dents et la rage de vaincre: «  Mon livreur de pizza sait réparer des satellites ». Et les problèmes avec les filles qu’il cherche à trousser. Bon...Tout ça ne me regarde pas, sauf quand il arrive à me faire rire O. Exemple : Si Seul, ou Finir Mal. Il ne veut pas changer le monde, seulement briller, et se faire une place au soleil. Libre à lui. Il assume.

Et il y a eut le morceau 7 : Si Seul. Un peu d’introspection, enfin un petit peu de sincérité, seul face au mic. Enfin, je crois…

 Et puis : La Petite Marchande De Porte Clefs. Ça prend alors une autre direction, carrément à l’opposé. Il y a un peu plus de musique. Un piano. C’est à peu près tout, mais ça suffit. Un texte terrible, dit avec le calme d’un présentateur télé. Si c’est pas engagé, ça en prend le chemin. Et on a encore un pas vers la normalité, vers la chanson systémique : La Terre Est Ronde, c’est un pop song, de la variété, comme on dit vulgairement. On passe du hardcore simpliste du début, à ça !  On écoutant ce morceau, on jurerait une relecture du Candide de Voltaire. Et rentrer à la maison, c’est nécessairement rentrer dans les rangs. Les beats deviennent plus classiques, moins envahissants. On sent un peu plus d’espace, la chanson respire. De claustrophobique, ça devient radiophonique. Le rap old school. 1990. Chanson hommage aux années fastes, avec la trompette bouchée, et la basse funky. Puis, 2010. Beaucoup moins bon. C’est trop tôt pour faire un hommage aux années 2000. La Morale, morceau qu’il casse lui-même : « J’ai l’impression de faire la morale ». N’empêche que notre fou furieux semble s’être calmé en plein album, et qu’il se permet de faire du R&B à la Orelsan. Guitare acoustique de rigueur, et des arrangements qui gagnent en subtilité. Pas mal. Un Freestyle pour les copains : Ils Sont Cools. Ça fonctionne, c’est que du rap, te prends pas la tête. 
   Et j’allais mettre mon petit 6, quand je suis emporté par un magnifique : Adieu…

5,35 minutes de bonheur, qui se termine par un Suicide (Social), comme au cinéma. Le côté obscur reprend le dessus, et Orelsan vomit à peu près tout et n’importe qui. La France, la société, les autres, et tout ce qu’il y a dedans, avec l’art et la manière. Et ça pue ! Il finit essoufflé, étranglé par la haine, et son flot de vérités refoulés qui remontent à la surface…Adieu. Un superbe vomi, avec un accompagnement volatil derrière ; une nappe de synthé, et des cordes artificielles. Le mètre étalon de tout bon slow Hip Hop, la nappe de clavier. Sur ça, on peut tout dire tout : « Je les hais »…Yes ! Un morceau de bravoure qui a dû en tétaniser plus d’un, et il y a de quoi. Pour finir, on aura cette morale absurde universelle : « La mort s’en bat les couilles de ta vie…elle viendra quand même » C’est bien vrai.

Alors passer du gars qui baise des salopes, en versant du Jack Daniel’s© pour désinfecter sa bite à ça. C’est hardcore. Mais on a beau être hardcore, la peur de la mort, c’est le début de l’âge adulte. Et l’oubli ne sert à rien. Car elle viendra quand même. Adieu…