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Fermez les yeux - métaphoriquement parlant, il serait bon de continuer à lire. Vous voilà de retour dans l'enfance. Vous avez un mal fou à écrire ou bien prononcer. Mais vous êtes déterminé. Vous êtes une éponge à coca, vous êtes frénétique et vous adoooorez faire du bruit. Et vous marrer. Quoi ? Chanter des trucs en japonais ? Bien sûr, pourquoi pas. Connais pas le langage, mais ça sonne cool. Hé hé, c'est diablement amusant. Vous êtes vivant.

Sans aller trop loin dans les détails à propos de la conception, cet album a été réalisé par deux français (Jean Kluger et Daniel Vangarde) en 1971. Ils étaient en train d'étudier le japonais, se sont dits que ce serait une bonne idée de faire un album "pop" afin d'aider la jeunesse française à apprendre ce langage déconcertant, et ont pris contact avec des choeurs d'enfants afin qu'ils s'occupent du chant. Mais au lieu d'être un simple artefact pédagogique l'ensemble s'est avéré être un très surprenant album sorti en édition très limitée chez Biram. La magie du funk franco-japonais était né ! C'est un peu comme une visite guidée du Palais national de Pena par les Muppets accompagné musicalement des Zombies.

Les morceaux ? Chacun d'entre eux excelle, un par un. All killer, no filler. Je pige strictement au langage, mais on s'en fout un peu. Des rythmiques complètement funky, une basse chanmé, une guitare bourrée d'effets psyché et un choeur d'innocents marmots français chantant avec tout leur coeur, c'est tout ce qu'il faut. "Yamasuki" débute par un des adultes braillant comme un samourai, et un portail occidental-oriental se crée : cette introduction est par ailleurs souvent entendue en sample dans le hip-hop. Grandiose.

"Kono Samouraï" avec son énorme son de guitare fuzz qui sonne un peu comme les meilleurs groupes turcs de l'époque ; "Yama Yama" et son minimalisme tellement moderne construit sur une grosse caisse mise en écho jusqu'à plus soif ; "Seyu Sayonara", sa guitare pendulaire et sa basse dansante, un morceau qui aurait pu se trouver sur l'Emperor Tomato Ketchup de Stereolab sans que personne ne trouve rien à redire. Et puis, il y a "Aieaoa". Qu'est-ce qu'une diphtongue avec six voyelles à la suite ? Une sixtongue ? Quelqu'un peut me dire pourquoi ce mot ? Qu'est-ce que ça veut dire, "Aieaoa" ? Un excellent moyen, du moins, pour apprendre aux gosses comment maîtriser la prononciation des voyelles ! Je me rappelle pas que mes profs de primaire aient écrit quoi que ce soit d'aussi cool. Sans compter que le morceau aurait probablement fait un single du tonnerre.

Quelle type de coke inspiratrice y'a-t-il besoin de renifler pour ne serait-ce que penser à réaliser un projet comme celui-ci ?! Il est impossible de refaire un truc pareil de nos jours. C'est bien au-delà de notre temps. Et c'est ça, le truc bien quand tu es enfant : tu as tout le temps du monde, et tout est possible... alors pourquoi pas ?
BiFiBi
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le 22 déc. 2011

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