9 ans. C'est le temps qu'a mis R.A The Rugged Man pour sortir son second album.
Malgré quelques apparitions par-ci, par-là et une compilation d'unreleased, il faut dire que le MC a su prendre son temps avant de ressurgir avec Legends Never Die. Il faut bien s'entourer, et ça, R.A l'a à peu près compris, en invitant Talib Kweli, Tech N9ne, Masta Ace, Hopsin, Brother Ali, Sadat X, Vinnie Paz et Eamon (qu'on croyait mort).

La première chose que l'on remarque en écoutant cet album, c'est un vrai effort au niveau de la production. Beaucoup plus réussies que dans son premier album, plus mélodieuses. C'était d'ailleurs le principal défaut de Die, Rugged Man, Die qui à ce niveau était un album plutôt négligé, avec des samples utilisés et ré-utilisés à la limite du vomitif et des sonorités cheap, ce qui est dommage quand on connait le talent du Rugged Man. Message reçu dans ce second album, en invitant Buckwild, qui signe la meilleure production de l'album avec Media Midgets, diatribe à l'encontre des médias. Il y a aussi Mr. Green, qui par le passé a fait équipe avec Pacewon le temps d'un LP, et qui fait un travail tantôt sympathique sur Learn Truth et The Dangerous Three et tantôt catastrophique, cheap, mièvre, pop sur Legends Never Die. Ayatollah, producteur du missile Ms. Fat Booty, clôt l'album avec le très moyen Still Get Through The Day.

R.A est un MC complet. Il s'érige en professeur apprenant la technique et le flow avec Definition Of A Rap Flow et Holla-Loo-Yuh, morceau indigeste, gâchée par un Tech N9ne faible et un Krizz Kaliko insupportable au refrain.

Le morceau Learn Truth est une vraie surprise. Accompagné d'une boucle de piano mélancolique, d'une voix aérienne et d'un breakbeat solide, R.A nous narre les déboires du monde, avec un Talib Kweli revigoré et bien plus en forme que ce que l'on pouvait espérer, au vu de ses derniers sons.

Hélas, ce morceau est immédiatement contrebalancé par Underground Hits, une horreur sur tous les points, avec un sample ultra cramé, mal exploité et loin d'être efficace, un hook totalement pourri et des prestations très loin d'être convaincantes, où Hopsin s'arroge même le droit de lâcher le couplet le moins mauvais.
Il manquait un morceau bourrin, chose faite avec Sam Peckinpah, boostée par Sadat X et Vinnie Paz, là on aime ou on aime pas. Moi, j'aime.

Still Get Through The Day et Legends Never Die sont les morceaux les plus personnels de l'album. Le premier parle de sa sœur, qui est morte des suites de l'Agent Orange, surnom donné à l'herbicide employé par l'armée des États-Unis lors de la guerre du Vietnam. On peut constater que ce n'est pas la première fois que cette thématique est abordée, il l'avait déjà fait avec Uncommon Valor, le meilleur couplet de sa carrière, où il parle au nom de son père, qui fut soldat au Vietnam. Il parle également de la mort de son frère et celle de son cousin, mort d'une overdose. Cependant, le tableau n'est pas totalement noir, il refuse de désespérer, voit ceci comme une étape de la vie et ne voit pas le suicide comme une solution. Le second, Legends Never Die, pierre angulaire de l'album, est une longue lettre d'amour envers son défunt père.

R.A The Rugged Man revient donc, avec un album personnel, plus réussi que le premier, mais sur-rempli, entaché par des morceaux vraiment mauvais.
Tibbar
7
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le 8 sept. 2013

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