Dans mes mains, le nouvel album de François & the Atlas Mountains, enfin non pas tout à fait, de François Atlas pour être plus exact, qui fait une escapade en solo pour célébrer les Fleurs du Mal de Baudelaire.


Franchement, la pochette est plutôt chouette (une femme dénudée composée entièrement de fleurs peintes qui, vue de loin, fait comme un ciel constellé) et donne envie de poser le vinyle sur la platine sans attendre.


Pour autant, je mentirais si je ne vous avouais pas que cette énième adaptation de poèmes dans le format chanson, qui plus est les Fleurs du mal, faisait naître en moins quelque perplexité voire un peu d'appréhension. Car bien sûr, on aura en tête Ferré, ses adaptations incarnées mais parfois un peu stéréotypées. Et c'est là la première réussite de l'entreprise de François Atlas : assouplir la rigidité du vers par des mélodies pop.


L'album commence par « Une passante » qui, en plus d'être certainement mon poème favori du recueil, est peut-être la reprise la plus classique de l'album. Mise en bouche délicate. Car la suite se voit relu à l'aune de beats, d'arpèges de guitare électriques, de chœurs féminins (et des duos : avec Fishbach, Juliette Armanet et Barbara Carlotti). François Atlas fait des poèmes de véritables chansons. Et c'est vraiment là le plus intéressant. Babx avait ouvert la voix avec Crystal automatique #1 en 2015. Cet album n'est pas une simple récitation mais bien une interprétation, avec la part de subjectivité dans la couleur donnée à chaque poème. « L'ennemi » est même carrément psyché. Par ailleurs François Atlas fait quand même attention à conserver le poétique dans ses chansons. Un seul exemple : la diérèse prononcée de « ci-el » ou d' « ori-ent » dans l'adaptation du poème « Recueillement ». Bien sûr il faut supporter sa voix un peu maniérée – pour moi pas de soucis, je connais son travail avec les Atlas Mountains depuis assez longtemps pour y être habitué.


Projet casse-gueule si l'en est, ces Fleurs du mal fleurissent sous un nouveau soleil. François Atlas dépoussière l'adaptation du classique littéraire. A l'image de sa pochette, François Atlas amène les couleurs de la pop dans les poèmes de Baudelaire, en faisant du recueil une interprétation plus sautillante et moins sinistre (pas forcément meilleure, c'est une question de préférence) que celle de Ferré. En tout cas, bien plus intéressant que l'album que Jean-Louis Aubert avait consacré à Houellebecq.

René-Ralf
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le 26 sept. 2018

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