Un géant aux allures de Frankenstein crie à qui veut l’entendre qu’il s’est tapé 5000 femelles depuis qu'il est en activité sexuelle - aidé en cela par un organe qu’il décrit comme hors du commun - , qu’il a eu connaissance d’au moins 15 procréations sur le lot - dont il n’a reconnu aucune - et qu’il appréhende les trois fonctions principales (« chier, baiser, créer ») comme une seule et même fonction.
A côté de ça, son œuvre a une taille démesurée elle aussi, partant dans tous les sens, sans aucun souci de cohérence ni de perspective commerciale.
Compositeur, interprète, producteur, arrangeur, musicien, chorégraphe, poète, manager...Un seul but, un seul fil conducteur à tout ça : créer du bruit magique. Avec la frénésie anarchique, instinctive et animale d’un fou visionnaire habité par le rock’n’roll, avant tout le monde, avant l’heure du glam, du punk et de toutes les extravagances qui rencontreront successivement le succès au long de ces quarante dernières années. Toujours un train d’avance pour celui qui se contentera de mettre en selle nombre de talents avant de se retirer aux prémices de leur envol.
Toujours cette exaltation violente qui le pousse à butiner de projet en projet, comme de femme en femme, à la manière d’un bourdon au dard surdimensionné.


Ce monstrueux appétit l’amènera à enregistrer pour son propre compte un nombre incalculable de disques entre 1960 et aujourd’hui (de l’ordre de la cinquantaine !), avec une pause de quelques années passées en prison après qu’il ait tué l’agresseur d’un de ses musiciens d’un coup de baguette (de batterie) en plein cœur ! Un destin de folie, je vous ai dit...


Mais aussi à un phénoménal paquet de collaborations avec des artistes aussi différents que Gene Vincent, Johnny Winter, Cat Stevens, Phil Spector, Warren Zevon, John Lennon et le Plastic Ono Band, Franck Zappa, Kiss, Alice Cooper, les Byrds, les Modern Lovers, Mötley Crüe, Soft Machine, Van Halen, les Runaways...


Mais il a bien quelque chose en plus, notre priape ambulant, pour être aussi sollicité de toute part ? Le Nez. Oui-oui, le nez. Il a l’instinct inné du chasseur de talents, démultiplié par une passion et une liberté sans freins. Kim Fowley s’amuse avant tout : il s’amuse du monde, il s’amuse des gens et fait de l’iconoclastie, de la provocation, du brouillage de pistes et du culte de la personnalité (son label porte quand même le nom de Living Legend !) des arts majeurs au royaume du rock’n’roll.


Et sinon, musicalement parlant, qu’est ce que ça donne ?
Nos amis de chez Microbe ont œuvré pour retrouver et ressortir dans de belles conditions (avec notamment une très longue interview - datant de 1977 - de notre très bavard spécimen et un petit laïus original titre par titre qu’il a rédigé pour l’occasion) cette compilation de 45 tours composés entre 1967 et 1974.
Douze morceaux ayant pour seul lien le rock’n’roll pur et dur dont notre bouc en chaleur s’est fait l’apôtre. Diverses, courtes et bien envoyées, ces chansons sont une porte d’entrée idéale dans l’univers d’un artiste dont on constate qu’il avait fait du Pop bien avant Iggy, du Reed bien avant Lou et de l’underground bien avant le Velvet.
Le tout d’instinct, sans calcul et en ne laissant finalement qu’une trop petite trace au rock’n’roll circus.


Alors, allez-y : la complétude de votre culture musicale passe par un trempage d’oreille dans ce concentré de Kim Fowley. Mais attention toute de même : car vraisemblablement, Satan l’habite !

RolandCaduf
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le 14 mai 2021

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RolandCaduf

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