Makoto Kawabata, Richard Pinhas et Tatsuya Yoshida - Makoto Kawabata • Richard Pinhas • Yoshida Tatsuya (2017)
Encore un album qui frôle les limites, même s’il reste raisonnable, des impros à fond, qui s’enchaînent en un certain ordre, style trax 1, trax 3, trax 4 et ainsi de suite jusqu’à trax 14, l’ultime pièce. Ne pas en déduire qu’il y a quatorze morceaux car il manque des pièces au puzzle, la trax 2, la trax 10 et la 11, sans doute éliminées par manque de place pour tenir sur la durée d’un Cd. Si vous choisissez la version vinyle il faudra encore en éliminer, la 7, la 8, la 13 et la 14. Et pour clore le chapitre sur l’ordonnance des morceaux, sachez qu’il existe, si,si, la trax 9a et la trax 9b.
Un trio à l’origine de toutes ces trax, Makoto Kawabata plus connu comme guitariste du groupe « Acid Mothers Temple », Richard Pinhas, guitariste mythique de Heldon et Yoshida Tatsuya, batteur de Acid Mothers, Painkiller, Koenjihyakkei et de Ruins, toutes ces indications sont assez limitatives car les trois sont des musiciens voyageurs, sans tabous, ni entraves, ni limites.
On pourrait parler de « free-rock » ici, mais pas à la façon de Barney Wilen, plutôt dans une veine électrique souvent identifiée au rock et dans un esprit de créativité spontanée qui s’attache plus au free jazz, c’est d’ailleurs le terrain de jeu privilégié du batteur Yoshida Tatsuya qui s’est longtemps nourri de cette liberté-là.
Nous sommes en 2016 aux studios Condorcet où s’est effectuée cette session d’enregistrement. Il ne faut pas se le cacher les deux guitaristes captent rapidement toute l’attention, et ce n’est qu’ensuite que l’on se concentre sur le jeu du batteur.
Makoto Kawabata, comme indiqué sur les notes de pochette joue en lead avec ses « War Guitars », tandis que Richard Pinhas joue également en lead, mais avec ses « Delayed Guitars », c’est dire si les effets sont puissants ici. Richard et Makoto ajouteront chacun de leur côté des solis additionnels et des lignes de synthé une fois rentrés à la maison, un travail fantastique pour un résultat très à la hauteur.
Il y a peu de pauses dans cette stridence musicale, c’est sauvage, puissant et tendu, Yoshida tape fort sur les tambours, presque violent, les cymbales aussi mais on les entend peu, surgissant à peine du flot ravageur.
Un album qui pourrait tout autant plaire aux amateurs de jazz qu’à ceux de rock, mais il serait probablement plus perspicace de préciser "à ceux du free" ainsi qu’à une certaine catégorie de métalleux ou même, car ça brasse large, de musique psychédélique.